LE CAPITAINE Jacques.
le 3 novembre 1765 à Lapenty, dans la Manche.
mort le 16 juin 1815 à la bataille de Ligny
Septième enfant de Jacques et de Micheline Poulain est né le 3 novembre 1765, au hameau de la Chubriais de la commune de Lapenty, dans la Manche. Son père exerçait les métiers de laboureur et de charron. Vers sa dixième année, le curé de l’endroit remarqua le jeune Jacques et le prit comme enfant de chœur. Il lui donna des leçons de français et des rudiments d’histoire et de latin.
Ainsi formé, le jeune homme quitta Lapenty pour s’engager, le 11 mai 1784, comme soldat au régiment de Neustries, devenu le 10 ème d’infanterie à partir de 1791.
Sous l’ancien Régime, l’avancement était en principe réservé à la noblesse ; le soldat Lecapitaine dut ainsi, malgré son instruction, patienter jusqu’au 1 er novembre 1788, avant d’être promu caporal.
Le 28 décembre 1790, il passa au régiment des Chasseurs Corses qui ne recrutait que des soldats expérimentés et bien aguerris. Quelques mois plus tard, le 2 février 1792, il est nommé soldat d’élite dans la Garde Constitutionnelle de Louis XVI, soldée par le Roi. Il est licencié, avec son régiment, le 28 juin de la même année ; mais le 3 septembre, il est élu au grade de lieutenant en second au 4 ième Bataillon des Volontaires parisiens.
Dans ce Corps, les officiers étaient élus démocratiquement par les soldats qui tenaient à choisir des chefs responsables et compétents. Une carrière militaire très honorable est maintenant promise à l’officier Jacques Lecapitaine.
Le 22 octobre, alors qu’il commandait un détachement de quelque 300 hommes près de Sarrelouis, il est isolé du gros de l’armée et attaqué par une troupe ennemie supérieure en nombre. Pendant trois jours, il lutte pour rompre l’encerclement et éviter la captivité ; finalement, il réussit à rejoindre l’armée du général Hoche qui le félicitera pour son action.
Le 13 septembre 1792, il passe comme lieutenant à l’Armée de la Moselle, commandée par le jeune général Hoche et quelques pois plus tard, le 1 er février 1793, il devient capitaine , il est âgé de 27 ans. Le 18 mai 1794, la 59 ème demi-brigade dont il fait partie, est rattachée à l’Armée de Sambre-et-Meuse ; il y servit jusqu’en 1797 et prit sans doute part, sous les ordres de Jourdan, au combats de Charleroi, le 16 juin 1794 et à la bataille de Fleurus du 26 juin. Il est muté au 102 ème de Ligne, le 1 er juin 1796 et, le 22 octobre de la même année, à la division Championnet. En 1797, il passe à l’Armée d’Allemagne et en 1799, à l’Armée du Danube puis à celle d’Helvétie.
Il est promu chef de bataillon à la 102 ème demi-brigade, le 20 avril 1800 et le 5 juillet suivant, il est muté à l’Armée d’Italie sous les ordres du général Brune. Il se signale à Borghetto, le 21 décembre 1800 et prend une part active à la prise de la redoute d’Ala, le 21 janvier 1801.
Sa conduite exemplaire et son courage, lui vaudront d’obtenir, le 13 septembre 1802, un sabre d’honneur, sur décision du Conseil des Consuls.
Il figurera dans la promotion de la Légion d’Honneur de mai 1804, et le grade de commandant lui sera décerné le 14 juin.
De 1802 à 1805, il aura l’occasion, en Italie, de se distinguer en maintes circonstances.
Le 11 juillet 1806, il est appelé au service du frère de Napoléon, Joseph Bonaparte devenu Roi de Naples et il est élevé au grade de colonel des grenadiers de la Garde du souverain, le 1 er août 1806. Le 21 décembre, il est blessé d’un coup de feu à la jambe droite, à Amantea.
Il accompagne Joseph à Madrid, en 1808, alors que celui-ci vient de recevoir la couronne d’Espagne et des Indes, et devient son aide de camp, puis maréchal de camp dans l’armée espagnole, en 1810 – grade équivalent à général d brigade. Il était âgé de 43 ans ! Commandant une brigade, dans l’Armée du Centre qui opérait dans la Mancha, il est blessé d’un coup de feu à la cuisse, à Anovera, le 3 janvier 1811 et d’un éclat d’obus à Vitoria, le 21 juin 1813.
Il quitte Madrid, le 7 février 1814, plusieurs mois après le départ de Joseph.
A son retour en France, l’Empereur l’appela à son Quartier Général et lui confia le commandement d’une brigade d’infanterie de la 8 ème division de la Jeune Garde, le 17 février 1814.
Il prit part à la malheureuse Campagne de France. Il se distingue à Craonne, les 6 et 7 mars 1814, où Napoléon battit Blücher. Il fut nommé Baron d’Empire le 17 du même mois, alors qu’il commandait la 1 ère brigade de la 1 ère division de la Jeune Garde. Il participa ainsi à la prise de Reims, aux engagements de La Fère-en Champenois, le 25 mars, et 5 jours plus tard à la bataille de Paris.
Malgré un dernier succès à Saint-Dizier, les troupes des Puissances alliées resserrent leur étreinte.
L’Empereur est découragé, et le 3 avril, à midi, dans la cour du château de Fontainebleau, il fait ses adieux à sa Garde et part pour l’île d’Elbe où il débarque le 3 mai 1814. Le lendemain 4 mai, Louis XVIII faisait son entrée à Paris.
La Jeune Garde fut dissoute, mais certains officiers furent maintenus en service et obtinrent même des distinctions honorifiques dans l’Ordre de Saint Louis, institué en lieu et place de la Légion d’Honneur. Ce fut le cas du général Lecapitaine nommé chevalier, le 20 juillet 1814 et désigné à la fonction d’Inspecteur à l’Etat Major de la Garde Nationale de Paris.
Louis XVIII le confirme dans le grade de maréchal de camp, le 9 septembre 1814.
Mais l’Empereur se prépare à quitter son île et le 1er mars 1815, il débarque à Golfe Juan et rentre à Paris le 20. Comme ses compagnons d’armes, le général Lecapitaine lui était resté fidèle et sans hésiter, il remet son épée à son service.
Le 31 mars, il est nommé commandant de la 1 ère brigade de la 13 ème division d’infanterie du général baron Vichery, relevant du 4 ème Corps d’Armée du Nord du général comte Gérard. Il a sous ses ordres les 59 ème et 76 ème régiments de Ligne commandés respectivement par Laurain et Condamy ; le premier est fort de 1057 hommes, le second de 1054. C’est en fin d’après-midi, le vendredi 16 juin, que le général Le Capitaine tomba, fusillé à bout portant, sous les murs dévastés du château de Ligny.
Son corps ne fut jamais retrouvé. Sans doute fut-il dépouillé de son uniforme et jeté avec les cadavres de ses soldats, dans une fosse commune dont on ignore toujours l’emplacement. Quant au château, il ne fut pas restauré. Livré au pillage, il disparut complètement. Son emplacement n’est plus qu’un champ cultivé dont émergent parfois quelques-unes de ses vieilles pierres
Sources: les généraux du Mortainais de V.Gastebois
:archives du SHAT de Vincennes.