Jacques-Marie Cavaignac, baron de Baragne, lieutenant-général , commandant de la Légion d’Honneur, chevalier de Saint Louis, né en 1773, à Gordon, département du Lot. Il débuta dans la carrière des armes par le grade de sous lieutenant au régiment de Navarre, infanterie, e tfit, en cette qualité, les premières campagnes de la révolution à l’armée du Nord ; il passa dans un régiment de chasseurs à cheval, fut nommé adjoint à l’état - major général de l’armée des côtes de la Rochelle ; rejoignit son régiment, servit aux armées des Pyrénées Occidentales et d’Italie, se distingua au passage du Tagliamento, et fut remarqué par le général Bonaparte , qui le nomma chef-d’escadron sur le champ de bataille.
Quoique très-jeune, le commandement du 25eme régiment de chasseurs à cheval lui fut confié : il reçut plusieurs blessures à la tête de ce corps, pendant la retraite de l’armée d’Italie, dont le général Moreau avait pris le commandement ; il eut, dans une reconnaissance la jambe cassée d’un coup de feu. Le premier consul le nomma colonel du 10eme régiment de dragons , où les auteurs de la Biographie des hommes vivants le font entrer comme simple cavalier : il se distingua au passage du Splugen, du Garigliano , et surtout à la bataille d’Austerlitz ; le courage et le sang-froid qu’il montra dans cette grande journée lui méritèrent le titre de commandant de la légion-d’honneur, et plusieurs marques de l’estime et de la satisfaction de l’empereur.
Le colonel Cavaignac, nommé écuyer du roi Joseph, reçut, après la paix de Presbourg, l’ordre de se rendre à Naples ; il y obtient bientôt de l’empereur le brevet de général de brigade. Du commandement de la ville de Naples, qui lui fut d’abord confié, le général Cavaignac passa au commandement supérieur des Calabres, avec le grade de lieutenant-général au service napolitain, et chargé de pouvoirs très-étendus.
Ces provinces étaient dans un état de trouble, et presque de révolte continuelle , par suite du caractère inquiet des habitants, et des fautes du gouvernement qui passait fréquemment et brusquement d’une indulgence irréfléchie à une rigueur excessive. Le général Cavaignac, autant par sa fermeté et sa modération que par ses mesures administratives, et des opérations militaires dirigées eu même temps contre les insurgés et contre l’ennemi extérieur, sut épargner le sang des Calabrois, et défendre leur vaste et riche pays de l’attaque des Anglais, qu’il battit eu plusieurs rencontres.
Lorsque le roi Joachim se fut décidé à opérer une descente en Sicile, il donna au général Cavaignac le commandement d’un des trois corps de l’armée destinée à agir contre cette île. Le général Cavaignac fut le seul qui, a la tête de ses troupes, opéra son débarquement sur les côtes de la Sicile , malgré la flotte anglaise qui croisait dans le canal et les forces qui se trouvaient à Messine, et dans les environs de cette ville.
Les autres troupes de l’expédition ayant été retenues en Calabre par les vents, ou par des ordres contraires, le général reçut le signal du retour ; mais l’exécution de cet ordre devenait à chaque instant plus diff1cile ; d’un côté les troupes de terre, et de l’autre la flotte anglaise s’avançaient contre lui ; déjà même les barques qui avaient apporté la division napolitaine mettaient à la voile, et se dirigeaient vers Reggio.
Le général saute dans un esquif, ramène, par ses exhortations et ses menaces , une grande partie de ces barques fugitives, redescend à terre et fait rembarquer, devant lui, toutes ses troupes, à l’exception d’un bataillon engagé dans les terres, et cerné par l’armée ennemie, dont les forces étaient quadruples de celles que commandait le général ; il s’embarqua le dernier , et sous un feu de l’ennemi ; assailli sur le front de la flotte anglo-sicilienne, sans perdre un seul de ses bâtiments de transports ; et malgré tant d’obstacles, exécuta avec ordre son débarquement sur les cotes de Calabre, a la vue de la flotte et des deux armées. Le roi le reçut un des premiers, l’embrassa, le combla d’éloges, le nomma son premier aide-de-camp ; et le roi de Westphalie lui envoya le grand-cordon de l’ordre militaire de ce royaume.
En 1810, le roi de Naples rendit un décret portant que nul étranger ne pourrait occuper aucun emploi civil : ou militaire dans ses états, s’il ne s’y faisait naturaliser. Le général Cavaignac demanda aussitôt à rentrer dans les rangs de l’armée française. Il y fut admis avec son. ancien grade de général de brigade ; et employé dans le 11eme corps comme commandant de la cavalerie, il fut chargé de protéger la retraire de Moscou ; il vint ensuite s’enfermer, dans la place de Dantzicg, avec les 18oo hommes qui lui restaient, et qui, dès lors, firent partie ! de la garnison.
Le général Cavaignac se distingua dans les fréquentes sorties qui eurent lieu pendant le mémorable siège de cette ville, et dans ces sorties il eut plusieurs chevaux tués sous lui.
Retenu prisonnier de guerre par la violation des conditions de la capitulation, il fut envoyé à Kiev, et ne rentra en France qu’après la paix de 1814. Il a été nommé depuis lieutenant général et chevalier de Saint Louis. Le roi l’a fait baron en 1818. Il est employé comme inspecteur-général de cavalerie.
Le général s’est éteint à Paris en 1855.