Le chapitre XI de l'histoire de la marine,ed Flammarion de Claude Farrère de l'académie française, a pour titre évocateur " de 18O5 à 1815.-sur mer, rien"
Rien, parce que l'état des belligérants montre une certaine lassitude, de part et d'autres.Les blocus spécifiques de chacun, de l'Angleterre et de la France, les combats sur mer, la guerre d'Espagne,les guerres de course, etc... en avaient révélés les signes.Certains faits sont rappelés par Joannes Tramond dans son "Manuel d'histoire maritime" concernant la royal Navy: de 1811 à 1813 ce sont 30000 déserteurs qui sont recensés parmi les équipages des vaisseaux.Alors que la misère gagnait le peuple des villes et que les ouvriers des trade-unions promenaient le drapeau français sur les docks de Londres.Le même phénomène de désertion se produisait dans les rangs de la marine française.
Il n'empêche que si l'Angleterre faiblissait par fatigue,la France s'effondrait tout simplement par épuisement.La grande armée se faisait battre à Waterloo.Et le canon se tut.
En 1815 la France accepta de ne plus avoir de marine.Et quoiqu'il n'y eu plus rien, on désorganisa ce rien.La restauration sous ce rapport sut se montrer non pas aussi funeste mais aussi parfaitement absurde que la révolution.
On commença par remplacer le pavillon tricolore par le pavillon blanc, par effacer tous les signes qui rappelaient l'Empire jusqu'au moindre détail.On licencia les officiers coupables d'avoir servi l'usurpateur, on les remplaça par des officiers rappelés à l'activité qui n'avaient pas remis les pieds sur un tillac depuis 1790, mais qui s'étaient "loyalement" tenus à l'écart. La flotte fut amoindrie par les traités de 1815 qui privaient la France de certains de ses arsenaux les mieux équipés et une partie de ses bâtiments furent cédés à l'ennemi. On n'osa pas aller jusqu'à la suppression pure et simple de la marine de guerre, mais on l'envisagea, et quelques orateurs proposaient de telles réductions budgétaires qu'elles menaient tout droit à l'asphyxie totale.Un minimum fut toutefois maintenu par l'obligation de protéger les quelques intérêts français disséminés ici et là dans certaines parties du monde.Auquel cas les crédits suffirent à peine à l'entretien de l'existant dont la majeure partie allait aux salaires versés.Et ce fut pire sous la seconde restauration, exaspérée par les ralliements effectués aux cent jours.L'éphémère ministre de la marine en 1792,Bouchage,ancien officier d'artillerie et vieux partisan de la royauté redevint ministre en 1815 et supprima derechef les préfectures maritimes, les écoles embarquées,diminua des trois quarts le nombre des officiers, éloigna des ports les élèves officiers soigneusement choisis pour ne pas qu'ils subissent de contagion bonapartiste, d'où l'étrange idée de les regrouper au collège marine nouvellement créé à ...Angoulême.Quant au corps de marine, contrairement à la Charte il n'ouvrira pas ses portes non plus à la vraie ou prétendue noblesse et la sélection d'entrée se fera par l'argent.
Quel a été l'héritage alors laissé par Napoléon à la restauration concernant la marine? a tout le moins une période de stagnation, sinon d'un recul, s'établit. A partir de 1822 elle tente de se reconstruire par un peu de sagesse et par évidence à un retour aux fondamentaux issus de la marine impériale.L'école navale revient à Brest à bord de "l'Orion" le conseil d'amirauté est recréé avec le conseil des travaux, les équipages de ligne, et les préfectures maritimes.Mais là encore l'administration est privilégiée par rapport aux constructions navales, c'est un moindre coût qui ne suffit à peine qu'à maintenir l'existant.Mais à l'inverse de l'Empire on assiste à la valse des ministres, pour pratiquer aussi bien avec Louis Philippe que Charles X une politique inconstante. L'épisode épique de la "Méduse" en est la parfaite illustration.
En 1830 la marine possède trente trois vaisseaux.Seuls treize d'entre eux ont été lancés en 1814, mais tous ont été lancés avant la fin de l'empire.C'est peu ou pas grand chose en regard des besoins pour la préservation des intérêts français de par le monde.Mais une autre page est tournée, une autre va commencer, mettant en valeur les hommes de mer sur toutes les mers du globe, vers une autre forme d'expansionnisme au temps des conquêtes coloniales cette fois.
Signe des temps: A Navarin une flotte franco-anglaise va battre la flotte turque.