C'est ce qui s'appelle "passer la main" ...
Merci à vous, Cher Bergisel ; ce moment intense en émotion ne peut, en effet, laisser personne indifférent.
Pour tous ceux qui n'auraient pas eu connaissance de ma petite réflexion sur le sujet, je me permets donc de vous rapporter ici ce que j'avais écrit "là-bas".
Ce fut le tout dernier de la Grande Armée ... Enfin de ce qu'il en restait...
Nous sommes le 14 Décembre 1840, et, dans le soir qui tombe, la foule commence à se retirer pour laisser passer ce qui semble être des groupes d'ombre, mais non, ce sont des hommes, et ils avancent en ordre militaire.
Ici et là, ils s'étaient donné rendez-vous, parfois de très loin, ils avaient marché ensemble, et maintenant ils s'avançaient dans le plus grand silence ....
Quelques-uns s'appuyaient sur une canne, et, malgré la lumière du jour faiblissant, on ne pouvait pas ne pas les reconnaître ...
Ces survivants avaient revêtu leurs anciens uniformes... Il y avait des grenadiers de la ligne, presque tout en blanc, des dragons à pied en hautes guêtres noires, des Chasseurs au shako évasé, des Gardes d'honneur de la Campagne de France ...
A bord, seuls les Officiers étaient autorisés à monter, à partir du grade de "Colonel", mais tous ces anciens soldats n'en demandaient pas tant !
Pour eux, monter la garde devant le bateau de l'Empereur, comme quelques-uns l'avaient si souvent fait autour de sa tente, voilà tout ce qu'ils désiraient ardemment..
Là, sur l'herbe gelée, ils retrouvaient les anciens gestes, apportant du bois là où ils avaient pu en trouver, allumant ainsi les premiers feux de bivouac ...
Dans cette célèbre nuit de Décembre, par huit degrés sous zéro, quatre cents survivants allaient dormir là, autour des feux, enroulés dans leurs vieux manteaux...
Quelques-uns ne se réveilleront pas, d'autres mourront de froid à Paris et aux alentours, cette nuit-là et le lendemain ...
Ainsi, tout comme sur un champ de bataille, ils venaient rendre hommage à leur Père, déterminés , comme en temps de guerre , à lui offrir leur vie.
Aujourd'hui encore, le Grand Homme est parmi nous, continuant à galvaniser ses braves reconstitueurs, à la ferveur inébranlable ...
Et dans chacun des bivouacs que nous préparons et que nous vivons, animés de cet enthousiasme qui n'a d'égal que le bonheur de faire revivre notre Histoire, nous ne devons à aucun moment oublier le majestueux hommage ainsi rendu ,dans le respect de la mémoire de l'Empereur et de sa Grande Armée, à jamais gravée dans nos coeurs...
VIVE L'EMPEREUR !