Lorsque Napoléon Bonaparte, Premier Consul, fut proclamé Empereur des Français, l'ère révolutionnaire avait vécu, laissant la place aux fastes de l'Empire.
Les vignerons s'en rendirent compte, notamment par le retour de quelques châtelains des environs, par le carillon des églises qui planait de noueau sur les châteaux, par le grand calme succédant à l'effervescence des années sanglantes de la Terreur, et, enfin, par la reprise du commerce du vin...
Le champagne venait, en effet, de retrouver une nouvelle cilentèle.
A ce propos, c'est en 1808 que l'Empereur, faisant route vers Châlons, se vit offrir le fameux vin d'honneur par la municipalité d'Epernay.
L'année suivante, se rendant à la Malmaison, Joséphine s'y arrêta également.
De même, dans le courant de cette année 1809, le roi de Westphalie, Jérôme, bien que voyageant incognito sous le nom de Comte de Mansfeld, dégusta le champagne offert par le Maire.
Ay, cette petite ville du vignoble champenois, reçut également une visite des plus mémorables, celle des représentants les plus brillants de l'Armée Impériale : les Grenadiers à pied de la Garde.
Ce fut au retour de la campagne d'Autriche que le premier bataillon de cette troupe d'élite se vit assigner des cantonnements à Ay, pour une nuit...
Tous les habitants eurent connaissance de la nouvelle très rapidement, et lorsque, dans l'après- midi, les bonnets à poils parurent sur la route d'Epernay, déjà, dans toutes les maisons du bourg, le vin de la fête coulait à flots.
Selon le récit du Capitaine Coignet, il fallut accorder , le lendemain, trois bonnes heures de repos pour donner à tous le temps de rejoindre l'unité et ramener les traînards "ivres-morts" !...