Nous sommes le 21 Novembre 1806 ...C'est aujourd'hui que sera signé le fameux décret établissant le "Blocus Continental"...
Arme stratégique contre l'Angleterre, cette mesure visait , parallèllement, à protéger les frontières extérieures de l'Empire.
Au regard de son objectif premier, l'assèchement de l'économie britannique, les résultats produits s'étaient avérés encourageants.
Quant au système de protection, il réclama de nombreux efforts, car il avait fallu recruter des douaniers et accepter le sacrifice du commerce français, perturbations accentuées par la disparition des produits coloniaux ...
Dynamisée dans un premier temps, l'économie de l'Empire devait bientôt en ressentir les conséquences néfastes.
Et la hausse considérable du prix des produits coloniaux avaient accentué les effets de la crise financière.
Renforcé durant l'année 1809, ce Blocus Continental avait fait l'objet d'une note du Conseiller d'Etat Defermon, visant à la réorganisation totale de la mesure d'embargo.
Dans le même temps, Montalivet tirait la sonnette d'alarme sur le commerce maritime, et soulignait l'absolue nécessité de l'encourager afin d'éviter son anéantissement complet ...
Chacun plaidait donc pour la réorganisation du Blocus.
Ces plaidoiries rencontrèrent un écho favorable, puisqu'un décret du 3 Juillet 1840 (non publié au
Bulletin des Lois ) réorganisa la politique du commerce extérieur, en renflouant les caisses de l'Etat et en relançant l'activité portuaire ...
C'est ainsi que le système se dota de "licences", qui n'étaient que des autorisations d'exporter signées de la main même de l'Empereur.
C'est ce que B. de Jouvenel nomma la "fraude au Blocus".
Une trentaine de ports sur l'Atlantique et une dizaine en Méditerranée avaient été désignés pour pouvoir accueillir les vaisseaux, soit environ deux cents licences par port ...
Visant à "soulager" les stocks français, ces licences générèrent un assouplissement notable du Blocus.
Le plus spectaculaire concernaient les ports du Nord qui se sont vus autorisés à exporter, et notamment des céréales, vers l'Angleterre !
Selon Vialatte, l'Empereur aurait eu cette réflexion, pour justifier cette mesure destinée officiellement à entamer les réserves en numéraire des Britanniques :
"-Il est sans nul doute nécessaire de faire du mal à nos ennemis, mais avant tout il faut vivre".
Propos sensés et pertinents, mais venant du Grand Homme, qui s'en étonnerait ?