Encore une unité levée en raison de sa spécificité montagnarde.
LES BATAILLONS DE CHASSEURS DES MONTAGNES
C'est par un décret impérial signé le 6 août 1808 à Rochefort, soit moins d'un mois après la reddition de Bailen, que Napoléon décide de la création de 34 compagnies de miquelets à 148 hommes chacune, officiers compris, soit 5.032 hommes. Ces compagnies sont organisées dans les départements des Basses Pyrénées (11° Division à Bordeaux ), et des Hautes-Pyrénées, Ariège, Haute-Garonne et Pyrénées-Orientales (10° Division à Toulouse).
Il est prévu la levée de 8 Compagnies dans les Pyrénées-Orientales, 8 dans l'Ariège, 2 en Haute-Garonne, 8 dans les Hautes-Pyrénées et 8 dans les Basses-Pyrénées (actuelles Pyrénées-Atlantiques).
Chaque compagnie est composée comme suit : 1 capitaine, 1 lieutenant, 1 sous-lieutenant, 1 sergent major, 4 sergents, 1 caporal-fourrier, 8 caporaux, 1 tambour et 130 miquelets ou chasseurs.
Le noyau de ces compagnies sera formé par la garde nationale et par des conscrits réfractaires. L'armée française étant engagée profondément en Espagne, ces unités de miquelets sont chargés d'assurer les arrières des unités engagées et la défense des Pyrénées.
Les officiers sont nommé provisoirement par les préfets, et leur nomination confirmée par le Ministère de la Guerre.
Le 9 septembre 1808, il est décidé qu'il serait attaché à chaque bataillon de Chasseurs des Montagnes : 1 chef de bataillon, 1 quartier-maître, 1 adjudant-major, 1 adjudant sous-officier. Ainsi qu'un conseil d'administration composé de 4 officiers et d'1 sous-officier pour les bataillons à 8 compagnies, et de trois officiers pour le bataillon de la Haute Garonne qui n'en compte que 2. Quatre maitres-ouvriers sont également prévus dans l'organisation : tailleur, cordonnier, guêtrier et armurier.
Il est à noter que c'est dans ce décret qu'est utilisé le terme de Chasseurs des Montagnes qui remplacera celui de miquelets.
Par décret signé d'Erfurt le 8 octobre 1808, il est décidé de porter le batatillon des Basses-Pyrénées de 8 à 10 compagnies.
Un autre décret signé du 10 octobre 1808, prévoit la formation d'un second bataillon pour le département de l'Ariège. Formé à 4 compagnies, il pourra être porté à 6. Tout est fonction du nombre de conscrits refractaires qui viennent s'inscrire.
Le général Pille est désigné pour veiller à la formation de ces unités.
Un décret daté du 9 novembre 1808 de Vitoria réorganise les bataillons. Les bataillons sont formés à 10 compagnies de 159 hommes chacune composée comme suit :
1 capitaine, 1 lieutenant, 1 sous-lieutenant, 1 sergent-major, 4 sergents, 1 caporal-fourrier, 8 caporaux, 140 chasseurs, 2 tambours.
La force d'un bataillon est de 1.281 hommes dont 28 officiers et 1.253 sous-officiers & soldats.
Les bataillons d'un même département devaient prendre l'appellation de 1er, 2°, 3° etc... bataillon de chasseurs de montagnes du département de ... suivant sa date de création.
10 février 1809, il est décidé de la création d'un bataillon suplémentaire à Bayonne. Ce bataillon est destiné à renforcer les garnisons de San Sebastian et Bilbao. Il est composé de 6 compagnies de fusiliers et d'un état-major. Trois compagnies furent formées à Pau. Les autres avec des conscrits refractaires provenant des départements du Gers, des Landes, de la Gironde.
Sa composition est la suivante : Etat-Major: 1 chef de bataillon, 1 adjudant-major, 1 quartier-maître, 1 chirurgien-major, 1 adjudant sous-officier, 1 caporal tambour, 4 maîtres-ouvriers (tailleur, guêtrier, cordonnier, armurier) et 6 compagnies composées ainsi : 1 capitaine, 1 lieutenant, 1 sous-lieutenant, 1 sergent major, 4 sergents, 1 fourrier, 8 caporaux, 150 soldats, 2 tambours.
Ce bataillon devait prendre le nom de
Bataillon supplémentaire de Chasseurs des Montagnes.6 septembre 1809, nouvelle réorganisation de ces unités.
Le 1° bataillon des Basses-Pyrénées à 4 compagnies. CdB Jean Lalanne
Le 2° bataillon des Basses-Pyrénées à 10 compagnies.CdB Louis de Lupe
Le 1° Bataillon des Hautes Pyrénées à 8 compagnies. CdB Montesquiou
Le 1° bataillon de la Haute-Garonne à 4 compagnies. CdB Suère
Le 2° bataillon de la Haute Garonne à 4 compagnies. CdB St-Jean de Pointis
Le 1° bataillon de l'Ariège à 8 compagnies. CdB Ardouin
Le 2° bataillon de l'Ariège à 8 compagnies. CdB Roquemaurel
Le 1° bataillon des Pyrénées-Orientales à 8 compagnies. CdB Voisin
Le total des 8 bataillons formant 54 compagnies. Le total des compagnies est fixé à 159 hommes officiers compris.
Le 17 janvier 1811, un décret fixe la novelle organisation des bataillons, dont le nombre est fixé à 3. Les Bataillons sont formés à 6 compagnies.
Le 1° Bataillon de Chasseurs des Montagnes est formé à partir du :
- 1° Bataillon des Pyrénées Orientales (1° Compagnie)
- 1° & 2° Bataillon de la Haute-Garonne (2° & 3° Compagnie)
- 1° bataillon des Hautes-Pyrénées (4°, 5° & 6° compagnie)
Le 2° Bataillon est formé avec les deux bataillons de l'Ariège.
Le 3° Bataillon est formé à 8 compagnies par la réunion des bataillons des Basses-Pyrénées et du bataillon supplémentaire.
- Les 5 compagnies stationnées à Jacca (1° & 2° Cie)
- Le bataillon suplémentaire à Bilbao (3°,4° & 5° Cie)
- Le bataillon des Basses-Pyrénées employé dans la 10° division (6°,7° & 8° Cie)
CAMPAGNES
Impliqués dans la lutte contre les guerillas espagnoles, les chasseurs des Montagnes livrèrent nombre de petits combats qui n'ont certes pas le lustre des batailles impériales livrées en champ ouvert.
Si au début les effectifs fondirent en raison de désertions en masse, ces unités acquirent au fil du temps une réputation enviable.
Ces combats sont les témoins de la pugnacité de ces hommes qui combattirent dans des conditions extrêmes face à un ennemi cruel et insaisissable, protègeant les voies de communications, les cols, escortant les convois de ravitaillement et de prisonniers, opérant des coups de mains dans les vallées et piémont espagnols, et quand la perte de l'Espagne devint ineluctable, défendirent bravement les cols et les places fortes sur la fontière.
Fin 1808, début 1809 ils combattent en Aragon.
En 1809, ils sont présents au siège de Saragosse. Ils participent à la Prise de Jacca et de la place forte de Venasque.
A partir de janvier 1811, les 3 Bataillons sont répartis comme suit :
1° BCM : 1° Cie : Barcelone(?) & Montlouis (406 h)
2° Cie : Venasque (222 h )
3° à 6° Cies: Bagnères de Luchon, et Val d'Aran (537 h)
2° BCM : 1°,2° & 3° Cies : Jacca (202)
4°,5° & 6° Cies : Fort les Bains, Prats de Mollo, Foix (608 h)
3° BCM : 1° & 2° Cie : Jacca (209 h)
3°,4° & 5° Cie : San Sebastian & Bilbao (Armée du Nord) (296h)
6°,7°& 8° Cie : Orbicetta & Oloron. (435 h)
Le 1° BCM combat surtout en Val d'Aran, le 2° BCM basé à Jacca assure les escortes dans le Haut-Aragon, et le 3° BCM est à San Sébastian.
Citons les combats de Figuières, Puycerda, Etchau, Belve, Cassedo, Vicilla, Venasque, Pont-Major où ils démontrent leurs qualités combattantes.
Après la bataille de Vitoria, les forces françaises retraitent lentement vers la frontière.
En 1813, ils défendent les cols et les places fortes de San Sebastian, Jaca et St Jean Pied de Port contre l'armée Anglo-Hispano-Lusitanienne commandée par Wellington. Pendant la glorieuse défense de San Sébastian (juillet-aout 1813), le 3° BCM, perdra son chef, de Lupé, blessé mortellement, 1 capitaine, 4 lieutenants et 2 sous-lieutenants.
Fin décembre 1813, les bataillons sont dissous, et leurs effectifs reversés dans les régiments d'infanterie de Ligne ou Légère début janvier 1814. Ils combattront encore à Orthez et à Toulouse.
UNIFORMES
Les bataillons de Chasseurs des Montagnes, sont habillés sur le modèle de l'infanterie légère.
Pour la troupe un habit à basques courtes, dont le drap du fond est de couleur marron et dont la couleur distinctive est le bleu céleste. Des boutons blancs. Un gilet de drap marron, une culotte de drap marron. Des guêtres courtes. Un shako de feutre noir.
Ils sont armés d'un fusil et de sa baïonnette, ils sont équipés d'une banderole porte-giberne. Le sabre briquet n'est réservé qu'aux caporaux et sergents.
Les officiers d'après le réglement sont vêtus comme la troupe, mais le drap est de qualité supérieure et plus fin. Tout ce qui est métallique est argenté. Il régnera également une grande disparité, car ceux-ci s'équipent à leur frais.
Lieutenant
Il semble cependant qu'il ait régné le plus grand désordre au sein des bataillons. Notamment en ce qui concerne la disposition de la couleur distinctive bleu céleste. Tantôt distribuée aux revers, au collet et aux parements, on peut aussi la trouver qu'au collet et aux parements. On trouve du drap marron en quantité dans les couvents espagnols qui en regorgent . N'oublions pas que ces unités dépendent des préfets, et ils sont vêtus selon les moyens dont disposent les départements. Les réglements précisent que les effets sont portés jusqu'à usure complète, et l'on verra se cotoyer des tenues des plus disparates.
En Espagne, l'armée a du mal à subvenir à ses propres besoins. Alors, une unité d'auxiliaires... C'est donc l'ennemi qui pourvoira grandement à ses besoins.
On adaptera la tenue en fonction du terrain, et des opportunités. La blouse de paysan remplaçant plus avantageusement l'habit, le béret remplaçant le shako, et les espadrilles... les souliers.
LES TAMBOURSIls portent une tenue inversée, à fond bleu ciel distingué de drap marron. A la fin de l'empire, ils seront vêtus d'un habit veste de drap vert distingué du galon de la livrée impériale.
Aux Cent-Jours, l'Empereur tenta de ressusciter ces unités, mais le destin ne lui laissa pas le temps d'en achever l'organisation.
Corso
Sources :
L'épopée Napoléonienne de FG Hourtoulle
Les Chasseurs des Montagnes 1808-1814 de A. Pigeard. Tradition n° 182 Octobre 2002.
Historique sur les sites du 3°BCM
Illustrations de Daniel Dieu