Hommes du 5ème bataillon de Sapeurs
Chaque bataillon comprend un état-major et neuf compagnies avec un total théorique de 40 officiers et 568 hommes. Le 5e bataillon de Sapeurs est constitué le 31 mai 1802 par l'Inspecteur Général LERY. Les hommes et les officiers sont rassemblés en grande tenue sur la place d'armes de Bruxelles. Il y a là : 32 officiers, 506 sapeurs, 9 tambours sous les ordres d'un caporal et 9 enfants de troupe. La plupart des sapeurs sont des "anciens" du 4ème bataillon. Beaucoup se battent depuis six ans et plus tels :
Clorive Dauchet (27 ans, 1,76 m). Engagé en 1792 au 2ème bataillon de Volontaires Nationaux du Nord. A l'époque de la revue il est premier sapeur à la 2ème compagnie. Le malheureux sera tué lors du siège de Lérida dans la nuit du 29 au 30 avril 1809.
Edmée Talloy (30 ans, 1,66 m). Réquisitionnaire du bataillon de Provins en 1793. Lui est sapeur de deuxième classe à la 5ème compagnie. Le malheureux disparaîtra en Espagne le 11 février 1809, enlevé par les "Guérilleros". Son décès est confirmé par les Espagnols en 1819.
Augustin Boutrouille (27 ans, 1,73 m). Réquisitionnaire du département du Nord en 1793. Nommé sapeur de deuxième classe à la 5ème compagnie, il finira sa carrière au dépôt du bataillon de sapeurs espagnols (8ème bataillon) en tant que maître tailleur.
Désiré Clausse (27 ans, 1,77 m). C'est un Belge engagé au 11ème bataillon de Sapeurs en 1796. A l'époque de la revue, il est premier sapeur à la 2ème compagnie. Maître ouvrier en 1806, il est blessé d’une balle dans la cuisse lors du siège de Saragosse. En septembre 1811, il quittera le bataillon avec le grade de lieutenant en second et la croix de chevalier de la Légion d'honneur.
Antoine Bock (23 ans, 1,62 m). Engagé en 1796, il est également un ancien du 11ème bataillon de Sapeurs amalgamé en janvier 1798 avec le 4ème. Antoine est le tambour de la 5ème compagnie, il terminera sa carrière en 1814 avec le grade de lieutenant en second.
Le chef du 5ème bataillon de Sapeurs se nomme : Jean Collignon. C'est un Lorrain né à Commercy le 25 octobre 1759. A l'âge de vingt ans il s'engage au régiment d'Isle de France infanterie et en 1793 passe au corps d'ouvriers du Génie avec l'épaulette de lieutenant en premier. Chef du 4ème bataillon de Sapeurs le 15 avril 1799, il est nommé chef du 5e bataillon par arrêté des Consuls. A vrai dire, il n'est pas très bien noté par ses supérieurs et l'on peut lire sur un rapport confidentiel daté du 7 mars 1802 : « Ce chef tient bien son corps sous les rapports du service, mais il a tort de s'adonner au vin, quelquefois jusqu'à l'excès »... et, le général spécifie... « Ce vice a d'autant plus d'inconvénients que c'est celui d'un assez grand nombre d'officiers de ce bataillon ». Il faut croire que ce rapport défavorable n'influa pas trop sur la carrière de Collignon, puisqu’au 7 août 1808 il est toujours à son poste.
Jean Pelissier, entré au bataillon le 4 décembre 1803 et est alors âgé de... 62 ans ! Sa carrière a débuté le 28 mai 1773... Il y a presque 30 ans. Ce jour-là, il s'est engagé au régiment de Poitou infanterie qui, dédoublé par l'ordonnance du 26 avril 1775, prend le nom de régiment de Bresse. En 1777, il est embarqué sur un vaisseau de l'amiral de Grasse et participe à la guerre d'indépendance américaine jusqu'en 1781. En 1793, il est en Corse et lutte contre les Anglais et les hommes de Paoli, son régiment a perdu son nom pour prendre le numéro 26... pas pour longtemps d'ailleurs car débarqué à Marseille, il est "amalgamé" dans la 52ème demi-brigade de bataille qui fait partie de l'armée d'Italie. En mai 1796, il est à Vérone où il est "amalgamé", pour la seconde fois, dans la 4ème demi-brigade d'infanterie légère et c'est l'immortelle campagne, il se bat à Lonato, Castiglione, Rivoli, Arcole. En avril 1798, le voici sapeur du Génie dans les rangs du 1er bataillon. Il embarque de nouveau et cingle vers l'Egypte où il participe au siège d'Acre... ainsi que l'appellent les farouches républicains qui ne veulent plus entendre parler du malheureux saint Jean. Battu par les Anglo-Turcs, il est rapatrié et en décembre 1803, il est nommé sapeur de première classe au 5ème bataillon. C'est sa dernière revue. En janvier 1805 sa retraite avec solde en poche, il rejoint " son Ardèche natale.
Nous trouvons également à la seconde compagnie du bataillon :
Joseph Kiste (26 ans, 1,77 m). Lui est alsacien, il est arrivé le 19 juillet 1799 au 4ème bataillon de Sapeurs du Génie puis, en 1802, versé au 5ème en tant que sapeur de deuxième classe. En août 1806, il touchera les épaulettes de laine écarlates de sapeur de première classe, puis les deux galons de laine aurore en mars 1811, en tant que maître ouvrier. En réalité, il gardera ses galons peu de temps car, huit mois après, il est de nouveau sapeur de première classe. Hélas, après s'être longtemps battu sous le brûlant soleil d'Espagne, Joseph disparaîtra en novembre 1812, au cours du terrible hiver russe.
Sébastien Judas (26 ans, 1,68 m). C'est un "ancien" la 8ème demi-brigade d'infanterie de ligne où il avait été incorporé le 25 novembre 1798. Ayant demandé son affectation dans un bataillon de sapeurs du Génie, il est versé au 4e en février 1800, puis au 5ème où il est second sapeur au moment de la revue passée par le général Bertrand. En janvier 1806, il sera nommé premier sapeur, puis maître-ouvrier en novembre 1808, caporal en janvier 1809 et enfin sergent en mars 1811. Il est pratiquement de tous les sièges que ce soit Dantzig, Saragosse, Lérida, Tarragone. On le retrouve à Smolensk, à Vilna. Il souffre toutes les misères du monde comme si son nom était maudit. En avril 1813, fatigué, malade, il est affecté à la compagnie de dépôt, ce qui lui évite de partir pour se battre en Saxe. Le 21 août 1814, comme l'administration du bon roi Louis XVIII sait connaître la valeur de ses soldats, Judas est congédié sans solde de réforme .
Xavier Mougin (29 ans, 1,68 m). Sa carrière militaire bute le 3 avril 1800, jour de son incorporation au 4ème bataillon de Sapeurs du Génie, devenu 5ème bataillon en 1802. Lors de la revue passée par Bertrand, il a les épaulettes de sapeur de première classe. En janvier 1806 le voici caporal. En septembre 1809 il est affecté à la 4ème compagnie avec le grade de sergent. Sa brillante conduite lors des sièges de Lérida et de Tortosa, lui vaut d’être décoré de la légion d’honneur. Versé à la 6ème compagnie en janvier 1812, il participe à la campagne de Russie, puis celles d’Allemagne et de France en 1813-1814. Lors de la première Restauration, Louis XVIII ayant décidé de regrouper l’arme du génie, il est affecté au 2ème régiment de sapeurs-mineurs le 21 août 1814.
Edmée L'Hottelier (27 ans, 1,72 m). Grenadier du 1er bataillon auxiliaire de l'Yonne depuis le 23 septembre 1799, il est muté au 4ème bataillon de Sapeurs du Génie en janvier 1800. Passé avec son grade de sapeur de première classe au 5ème bataillon, il est nommé caporal en mai 1802, sergent en août 1806... où lors du siège de Colberg, en juillet 1807 il fait partie d'un détachement chargé de prendre un block-hauss. L'Hottelier y entre le premier, y met le feu, obligeant les soldats prussiens à se rendre. En janvier 1812, le voici sergent-major. Il prend à peine le temps de coudre ses deux galons de fils d'or quand il touche l'épaulette de lieutenant en second.
Louis Charles Leclerc (26 ans, 1,68 m). Lors de la revue passée par le général Bertrand, il est un des huit fourriers encadrant le sergent-major porte-drapeau. C'est le 4 décembre 1798 qu'il fait sa première apparition au 4ème bataillon de Sapeurs du Génie. Intelligent, instruit, il fait partie des conscrits de première classe. C'est pourquoi il est directement nommé caporal puis caporal-fourrier en mai 1802, au moment de la constitution du 5ème bataillon. En juillet 1805, il passe sergent-major de la 3ème compagnie, puis lieutenant en second de la 2ème compagnie en février 1808. Lieutenant en mars, 1809, le malheureux sera tué le 1er juin 1811 lors du terrible siège de Tarragone.
Pierre Hattier (27 ans, 1,77 m). Arrivé le 6 février 1800 au dépôt du 4ème bataillon de Sapeurs du Génie, il est tout d'abord nommé sapeur en second, puis caporal à la 5e compagnie à l'époque de la formation du 5e bataillon. Sergent en août 1806, il se ressent des nuits passées à la belle étoile, des travaux harassants, des intempéries, qui ont raison de sa santé et le malheureux Pierre meurt à l'hôpital de Mayence le 20 décembre 1808 des suites de fièvres comme l'écrivent les médecins de l'époque !
Source : Tradition magazine, numéro 49
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