Autre fomation locale : les Canonniers sédentaires de Lille.En 1483, est instituée, la confrérie Sainte Barbe ancêtre de la compagnie des canonniers bourgeois de Lille. Cette confrérie traversa les époques jusqu'aux bouleversements révolutionnaires
Dès
avril 1789 les confrères prennent part au service de garde et de patrouille institué pour tenter d'enrayer les troubles. Au mois d'août une garde bourgeoise est formée, dans laquelle s'intègre la confrérie. Les canons sont mis en dépôt â l'hôtel de ville et les exercices d'entraînement, quelque peu délaissés depuis plusieurs années, sont repris de façon intensive.
L'octroi de drapeaux en
avril 1790 semblait indiquer que la garde bourgeoise était formée pour une période durable. Les événements en décideront autrement : la fête de la Fédération des départements, du Nord, du Pas-de-Calais et de la Somme, qui se déroule sur l'esplanade de Lille, â laquelle la garde assiste avec ses nouveaux étendards est la dernière
manifestation de la confrérie avant sa dissolution.
En effet, le 13 août 1791, la suppression de toutes les corporations armées encore subsistantes est décidée : le 29 août, les confrères s'inclinent devant la loi.
Leurs biens sont immédiatement mis sous séquestre par la municipalité. C'est donc la fin de la confrérie de Sainte Barbe mais ce n'est pas la fin de l'artillerie lilloise. Les membres de l'ancienne formation se regroupent immédiatement sous forme de compagnies d'artilleurs intégrés dans la garde nationale, ainsi que l'autorisait la loi du
14 octobre 1791 réorganisant cette garde. Ils porteront désormais la dénomination un peu longue mais bien dans le goût de l'époque de
«canonniers de la garde nationale sédentaire citoyenne de la ville de Lille» et formeront deux compagnies comportant chacune trois officiers, cinq sous-officiers, cinq caporaux, huit artificiers et sapeurs, quatre-vingt-neuf canonniers.
Les canonniers continuent un service particulièrement actif, partagé entre les patrouilles de maintien d'ordre et les exercices d'artillerie.
Aussi, ne sont-ils nullement pris au dépourvu lorsque l'archiduc Albert de Saxe-Teschen vint mettre le siège devant Lille,
en 1792, a la tête de 13000 Autrichiens. Ce siège fut pour l'essentiel un combat d'artillerie, l'archiduc Albert ayant tenté d'incendier la ville grâce au tir des 50 canons de siège et des 12 mortiers récupérés dans les arsenaux des Pays-Bas belges.
La garnison française, 10000 hommes environ, fit face avec un courage, d'autant plus méritoire que tout le monde connaissait les récentes capitulations de Verdun et de Longwy. Les artilleurs lillois font l'essentiel du service d'artillerie : ils ne disposent pour les aider que des 132 hommes de deux compagnies du 3e d'artillerie.
C'est au cours de ce siège que s'illustrèrent les deux commandants des compagnies lilloises: Charlemagne Ovigneur et Louis Nicquet. Le
8 octobre 1792, les Autrichiens à bout de munitions et ne pouvant enlever la ville de vive force lèvent le siège et battent en retraite en abandonnant une partie de leur matériel. Ils laissent également une ville sévèrement abîmée avec plus de 400 maisons complètement détruites dans le quartier populaire de Saint-Sauveur.
Aussi, la convention nationale prit-elle, le
12 octobre 1792, le décret proclamant que
«Lille et ses habitants avaient bien méritées de la Patrie»1797 : La compagnie des Canonniers est intégrée dans le premier bataillon de la seconde demi-brigade de la Garde Nationale, dite de l’Égalité
Quand le citoyen Premier consul vint visiter Lille en
1803, au cours d'une tournée d'inspection dans le Nord de la France, il se fit rendre compte des circonstances détaillées du siège de 1792 et après avoir visité les bastions où les canonniers lillois avaient installé leurs pièces.
Le 13 fructidor AN XI (31 août 1803) Le premier Consul prend le décret reconstituant cette formation et octroie à cette unité le couvent des
Urbanistes.
Saint-Cloud, 31 août 1803 :ARRÊTÉ- ARTICLE 1. - Les canonniers sédentaires de la ville de Lille, institués depuis le 2 mars 1483, seront de nouveau organisés- ARTICLE. 2. - Ils porteront un uniforme de canonniers et s'exerceront aux manoeuvres. A cet effet, il leur sera donné une maison nationale, pour
leur tenir lieu de celle qui a été vendue.- ARTICLE. 3. - Il leur sera fait présent de deux pièces de 4, sur lesquelles seront gravés ces mots, Le Premier Consul aux canonniers de Lille,
avec la date du 29 septembre 1792, afin de conserver la mémoiredu siège de Lille.- ARTICLE. 4. - Les ministres de la guerre et des finances sont chargés de l'exécution du présent arrêté.Les dispositions de ce décret ne furent que partiellement exécutées : les canonniers lillois ne purent jamais obtenir les deux canons portant les inscriptions gravées mais conservèrent à la place deux pièces de 4 du système Gribeauval.
Ces deux canons, intacts, avec tous leurs accessoires et agrès font toujours l'orgueil du musée des Canonniers.Il restait à arrêter différentes dispositions pratiques qui se concrétisèrent
en un règlement, daté du
10 pluviôse AN XII (2 février1804), signé par le conseil d'administration des Canonniers dela Garde Nationale de Lille et approuvé par l'autoritésupérieure le 27 avril suivant.
Cette pièce indique, donc, que l'existence des Canonniers Sédentaires ne sera effective que dans le courant de l'année 1804.
Ce bataillon fut mis sur pied, équipé d'uniformes à la coupe de l'artillerie de la ligne :
Fond bleu foncé et revers de même couleur, avec collet et parement rouge;
Patte bleue foncée, liseré rouge au revers et aux pattes;
Grenade bleue sur retroussis rouges;
Chapeau porté en "bataille" avec cocarde tricolore et pompon rouge.
En 1806 le chapeau est remplacé par le shako avec plaque de cuivre jaune.
A la tête fut d'abord élu le commandant Burette-Martel auquel devait succéder en 1808 le commandant Brame, ancien aide de camp du maréchal Augereau.
Les deux compagnies furent successivement appelées à se rendre à l'île de Walcheren où elles prirent position dans une région insalubre pour participer à lar ésistance face à une menace de débarquement anglais. Trois officiers et vingt-quatre canonniers périrent au cours de cette expédition dite de Flessingue.
Les canonniers participent à la garde d'honneur au cours de la
visite à Lille de l'empereur Napoléon 1er. Le capitaine Ovigneur fut décoré de la Légion d'honneur par l'Empereur lui-même pendant son séjour.
De nouvelles armoiries ayant été octroyées à la ville de Lille par décret impérial, un étendard fut acquis auprès de la maison Chailliot et remis au corps le 8 décembre 1812. Cet étendard, toujours conservé au musée, comporte en son centre les nouvelles armes de la ville. Bien entendu celles-ci seront abandonnées avec la chute du Premier Empire, les circonstances malheureuses accompagnant cet événement conduisant
l'autorité militaire à mobiliser les canonniers, auxquels une troisième compagnie sera temporairement adjointe afin de mieux mettre en défense les remparts.
Le bataillon des canonniers de Lille existe toujours. Son étendard est conservé dans la salle d'honneur de l'hôtel des canonniers, où se réunit le conseil d'administration du bataillon. Dans ce même hôtel sont regroupées les intéressantes collections du musée militaire entretenues par un conservateur assisté par l'association des Amis du Musée des Canonniers.
Souces : Musée de canonniers, A.M.L, A.D.N.