Etranges propos ...

Stéphane a écrit:

N'y avait-il pas eu durant ces moments sombres une entrevue entre nos deux hommes ?

Il me semble, mais ma mémoire me joue des tours.

Oui, ils se sont rencontrés, chez Marmont, le 30 mars au soir, en présence notamment du banquier Perrégaux (un jour il faudra expliquer l'importance de l'argent et l'influence des milieux d'affaire au cours des journées du 30 mars au 5 avril).

En plus de cette rencontre, il y eut des lettres de Talleyrand à Marmont, notamment celles reçues par Marmont le 1er avril au matin à Essonnes, remises par un envoyé de Talleyrand, le colonel Montessuis. Les contacts existaient donc et étaient nombreux entre les deux hommes durant cette période trouble (sans compter l'accueil triomphal réservé par Talleyrand à Marmont à Paris le soir du 5 avril, après le retournement par le duc de Raguse du 6ème corps à Trappes).

Merci Marchand pour m'avoir rafraichi la mémoire.

Par contre, sauriez-vous où est-ce qu'on peut lire les détails de ces tractations secrètes ?

Merci

Stéphane

Marmont en parle lui-même dans ses Mémoires (tome 6 livre XX page 250). Vaulabelle l'évoque également ainsi que Henri Houssaye dans 'La campagne de France'.

Sans oublier Thiers et Louis Madelin.

Bonjour,


Joséphine,

Citation :

A remarquer pour terminer : Marmont est le seul des grands soldats français de toutes les époques à ne pas avoir la moindre rue portant son nom à Paris...


Mais personne ne s'en plaindra !

Je me suis livré à une petite recherche qui n'a pas la prétention d'être exhaustive. Sur google j'ai trouvé deux rues portant le nom du maréchal Marmont : Castelnau-le-Lez dans l'Hérault et Split en Croatie.

On ne sera pas surpris par la dernière ville puisque Marmont porte le titre de duc de Raguse (Dubrovnik)....

Comme l'indique très justement Marchand, Talleyrand s'est rendu chez Marmont qui devait signer l'acte de capitulation de Paris.
Dans l'absolu, il venait demander à Marmont s'il n'existait pas un moyen de sortir de la capitale, mais, à la vérité, il venait le "préparer pour lui parler d'avenir" ...
Toujours chez Marmont, il se rapproche d'Orlow, commissaire du Tzar, et lui dit solennellement :

"-Monsieur, veuillez bien vous charge de porter aux pieds de sa Majesté l'empereur de Russie, l'expression du profond respect du prince de Bénévent." ...

C'était son message pour signaler sa présence à Paris ...

Puis il invitera le Tzar à s'installer chez lui. Ce dernier y prendra gîte, dans les griffes d'un Talleyrand dont l'avenir n'est plus compromis par la présence d'un Fouché , qui avait lui aussi de solides accointances à l'étranger ...

Fouché éloigné, Talleyrand devient par la force des choses l'arbitre de la situation...

Et c'est chez lui que, désormais, souverains, ministres, généraux alliés discuteront, avant la séance du Sénat du 1er Avril, présidé par Talleyrand, pour faire voter l'établissement de "son gouvernement provisoire" ...

En plus de cette rencontre, il y eut des lettres de Talleyrand à Marmont, notamment celles reçues par Marmont le 1er avril au matin à Essonnes, remises par un envoyé de Talleyrand, le colonel Montessuis. (Marchand) ...

Il s'agissait en effet d'écrits "tentateurs" comme de nombreux émissaires, dont le but commun était d'essayer de corrompre l'Armée qui restait encore à l'Empereur ...

Charles de Montessuy, ancien aide de camp du duc de Raguse, devenu pour l'heure agent royaliste, était de ces émissaires qui avait apporté au traître la promesse de se voir conserver tous ses grades et tous ses titres, dès lors qu'il se serait rallié au gouvernement provisoire ...

Des messages de la même trempe affluèrent à Essonnes, apportés par Beurnonville, Pasquier ou encore du nouveau chef de la garde nationale de Paris : Dessolle...