Les fournisseurs aux Armées ...

Le Directoire fut une période durant laquelle la corruption dans le milieu politique prit une ampleur ahurissante ...

Le pays étant en guerre, il fallait subvenir aux besoins des armées, en nourriture, en vêtements et en chaussures ....

Or, à cette époque les arsenaux et les services d'intendance n'existent pas encore.
Pour pallier tout ceci, le Ministère de la Guerre n'eût d'autre alternative que de s'adresser à des entreprises privées.

C'est à ce moment qu'apparurent des spéculateurs, tels Ouvrard, Hinguerlot, Lanchère, Bodin, Seguin et d'autres encore ...

Ils firent fortune, escroquant l'Etat, imposant leurs prix et livrant des marchandises de qualité moindre, et avec retard...
Leur utilité était certes incontestable, mais le fait est qu'ils usaient et abusaient de leur "pouvoir".

Le plus célèbre de ces fournisseurs peu scrupuleux fut sans nul doute "Ouvrard".
Arrêté par Bonaparte, Premier Consul, il fût ensuite libéré et repris ses activités.

Ouvrard et tous les autres fournisseurs ne jouirent pas d'une bonne réputation, du fait qu'ils étalaient leur richesse sous les yeux d'une population parisienne qui souffrait.

Cette image d'impudence les rendit extrêmement impopulaires, et cette renommée devait perdurer.

Chère Joséphine:

Les Rotchild, me semble-t-il, on aussi fait leur fortune à cette époque ?

L'un des membres de cette famille de financiers légendaires, si mes souvenirs sont bons, finança la guerre des Anglais contre Napoléon ...

Bonjour

Concernant la famille Rothschild, sa richesse est issue de la gestion de l'immense fortune de Guillaume IX de Hesse-Cassel lorsque ce dernier s'exila devant l'avancée des troupes françaises en Allemagne en 1806.

La cupidité des fournisseurs provient aussi du fait que l'Etat payait rarement ou avec des retards collossaux ces fournisseurs. En contre-partie, l'Etat permettait à ces derniers de se servir dans les caisses (pricipes des délégations). Mais cela n'enlève rien à leurs excès.

Enfin au sujet d'Ouvrard & Co, il ne faut pas oublier que l'Etat et Napoléon firent souvent appels à eux pour renflouer les caisses (affaire des négociants réunis en 1805 et appel à Ouvrard en 1815 lors des Cents jours).

Stéphane

PS : Je viens de finir l'ouvrage vraiment très intéressant de P. Branda sur Napoléon et l'Argent. Ceci expliquant cela

La cupidité des fournisseurs provient aussi du fait que l'Etat payait rarement ou avec des retards collossaux ces fournisseurs. En contre-partie, l'Etat permettait à ces derniers de se servir dans les caisses (pricipes des délégations). Mais cela n'enlève rien à leurs excès.
(Stéphane)


Bonsoir Stéphane,

Ceci est très juste, mais comme vous l'exprimez, le comportement de ces fournisseurs peu scrupuleux ne furent pas des moindres !

Pour exemple, lorsqu'en Septembre 1798, Ouvrard obtint la fourniture générale de la Marine pour six ans, il ne trouva rien de mieux à faire que de passer ce contrat de 64 millions de francs-or, au nom de Blanchard, qui était son beau-frère ...

Albert Vandal, dans son ouvrage "L'avènement de Bonaparte" les décrit parfaitement :

"La nuée des fournisseurs et traitants s'acharna sur la République. Appellés à pourvoir aux besoins des divers départements ministériels, et surtout de la guerre, ils en firent objet de spéculations cyniques. En face d'un gouvernement mauvais payeur, en face de fonctionnaires aux mains crochues, ils ne songèrent qu'à s'assurer des garanties usuraires et des bénéfices illicites. Ils firent payer à l'Etat les pots-de-vin donnés à ses agents, imposèrent des marchés draconiens, drainèrent le peu d'argent liquide qui subsistait dans les coffres du Trésor, et ne livrèrent qu'un matériel de rebut ! Ce fut l'époque des brigandages colossaux et des basses filouteries, des grands trafics d'influence et des commissions et remises aux subalternes ; le temps des ignominies en tout genre ; l'âge de boue, après l'âge de sang ..."

Il est à noter qu'il fut facile à ces spéculateurs d'obtenir le monopole des marchés , pour la simple et bonne raison que le Directoire avait supprimé les régies ou commissions publiques qui contrôlaient les prix, les commandes et les livraisons...