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 LAMORICIERE. Général de division, homme politique

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MessageSujet: LAMORICIERE. Général de division, homme politique   LAMORICIERE. Général de division, homme politique Icon_minitimeDim 18 Avr - 16:39

Christophe, Louis,Léon, Juchault de la Moricière est né à Nantes le 5 février 1806, et décédé en son chateau de Prouzel près d'Amiens le 11 septembre 1895.

Le nom de famille s'écrit le plus souvent "Lamoricière" que ce soit par le nom porté par le paquebot qui fit naufrage au large des Baléares en 1942, le grand Lycée d'Oran en Algérie, le lieu-dit "Lamoricière" berceau de la famille en France, la petite ville D'Ouled Mimoun située à 30kms de Tlemcen en Algérie (dont on doit la fondation à Napoléon III par décret du 13 octobre 1858, et qui fut rebaptisée Lamoricière) sans compter les avenues, rues et écoles dont celle même de St Philbert de Grandlieu, qui porte aussi ce nom dont la particule est effacée.Nous laisserons le soin à ses descendants ou aux généalogistes d'en expliquer les raisons, d'autant que Lamoricière signait ses documents " De la Moricière"
Il est issu d'une famille bretonne,légitimiste, bien que du côté paternel un grand père et un oncle moururent sous le drapeau blanc des Condés, alors que du côté maternel le grand père épousa les idées républicaines et que ses oncles furent au service des armées de la République.
Il fait ses études dans sa ville de Nantes, est admis à l'école polytechnique et à l'école d'application de Metz où il est promu lieutenant en régiment de génie en janvier 1829.Dédaignant les influences de la maison d'Orléans, il demande de servir en Algérie où il va acquérir le surnom de "Bou-Chéchia"
Faisant partie de l'expédition d'Alger, il participe à l'attaque et à la prise du fort l'Empereur, l'une des fortifications qui défendaient les portes de ville tenue par le Dey. Alger que ni Charles Quint, ni les Espagnols, ni les Anglais n'avaient réussi à prendre. Grâce au pilonnage des navires de l'amiral Rosamel, de l'artillerie débarquée, l'explosion du fort va ouvrir une brèche énorme et permettre aux 17ème et 9ème de ligne du général Hurel de s'engouffrer et de prendre la place le 5 juillet 1830, malgré la forte opposition des arabes et janissaires turcs.
Elevé au grade de capitaine à 24 ans le 1er novembre 1830, il intègre le 2ème bataillon de zouaves, corps nouvellement formé, étudie la langue arabe qu'il parlera couramment et l'histoire du pays, prend la direction du premier bureau de l'institution arabe organisée par le général Avizard, destinée à faciliter les rapports entre les tribus indigènes et l'armée.Il fait cependant sa propre analyse de terrain et reste lucide sur la nécessité d'être vigilant quant à la méthode employée "jamais on n'obtiendra qu'ils fassent leur prière du vendredi pour le roi Louis Philippe" d'autant qu'un jeune marabout du nom d'Abd el Kader tente de s'imposer à ses coreligionnaires et de s'opposer aux Français, alors que Mustapha Ben Ismaël qui lui tient tête voit les états-major refuser son concours.
En 1837 il est nommé lieutenant colonel prenant le commandement du régiment de zouaves, mène l'assaut sur la fameuse brèche de Constantine faite par le travail de sape de l'artillerie qui va permette de s'emparer de la ville.En uniforme réglementaire, c'est là qu'il va s'affubler du "Tar-Bouche" rouge à gland bleu, moins réglementaire, cette espèce de "Chéchia" qui deviendra légendaire et qui lui vaudra le surnom de "Bou-Chéchia"
Dialoguant avec le général Valée qui lui demandait s'il avait la certitude de transpercer les lignes de la citadelle ennemie sans fléchir, il lui fit un savant discours de stratégie, jugeant par ses calculs que l'opposition ne tirerait pas plus de quatre cent coups à la minute, dont un quinzième portera, affirmant malgré tout qu'il y aura de la casse...mais que " les trois quart de mes hommes seraient-ils morts, serais-je mort moi-même, s'il reste un seul officier et une poignée d'hommes qui ne sera pas tombée, nous pénètrerons et saurons nous maintenir.Tête cassée ou pas j'irai tout de même"
Il n'aura pas la tête cassée, peut s'en faut d'ailleurs, on va le retrouver sous les décombres, brulé aux bras et aux jambes, suite à l'explosion d'un magasin de poudre au coeur de la ville, craignant d'avoir perdu la vue (1) Il se rétablit, est nommé colonel. En 1840, il est face au nouveau gouverneur de l'Algérie, Bugeaud, militaire absolu alors que lui est plutôt d'esprit raisonné et pragmatique, deux personnages qui ne s'apprécient guère.Le 12 mai, il fait partie de la bataille du col de Mouzaïa, le 21 juin il est nommé maréchal de camp prenant le commandement de la division militaire d'Oran. Il améliore l'installation des troupes, leur équipement, réorganise les Hôpitaux où les décès pour cause de maladies ou de combats sont nombreux.Il comprend la nécessité de mener les opérations au delà de la première chaîne de l'Atlas et marche contre la tribu des Hachem qui domine la plaine d'Eghriss, où il défait Abd el Kader.En 1843, après de nombreuses razzias (*) dans les environs de Mostaganem, il amène la reddition de nombreuses et puissantes tribus.Le 9 avril 1844,il est nommé général de division.Le 14 août il prend part à la bataille que Bugeaud engage à quelques kilomètres d'Oujda au Maroc, tout près de la frontière algérienne.
Dès juin 1844, Lamoricière a installé ses troupes à Lalla-Maghnia (Marnia) poste militaire avancé qui, en construction, est l'objet d'attaque par le caïd d'Oujda, ce qui décide Bugeaud à occuper cette ville du Maroc proche de la frontière et où l'armée entre sans combat. Devant la difficulté d'approvisionnement par voie terrestre sur la partie montagneuse de la région de Tlemcen, Bugeaud sur les conseils de Lamoricière choisit le mouillage de Djemââ-Gazaouât, ou aussi Ghazouet, dominé sur les hauteurs par la forteresse de Taount, point sur la côte la plus propice pour y débarquer troupes et matériels.Pour établir aussi un camp provisoire que Lamoricière s'empressera de transformer en camp définitif contre l'avis de Bugeaud.Le Maréchal Soult,ministre de la guerre, déjugera Bugeaud et le 2 octobre confirmera que le camp de Nemours sera désormais la ville à développer pour y établir des européens dans le but de commercer avec le Maroc.Lamoricière va charger le lieutenant colonel De Montignac de réaliser les infrastructures d'une ville nouvelle, tâche dont il va s'acquitter admirablement.Ce qui va entrainer la réaction adverse de harcèlement des troupes françaises depuis le Maroc et contraindre Bugeaud à intervenir massivement (2)
A suivre...LAMORICIERE. Général de division, homme politique 005nnw
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MessageSujet: Re: LAMORICIERE. Général de division, homme politique   LAMORICIERE. Général de division, homme politique Icon_minitimeDim 18 Avr - 22:26

Suite..
L'émir Abd-el-kader, soutenu par le sultan du Maroc chez qui il s'est réfugié,va voir les troupes françaises fortes de onze mille hommes (spahis, légionnaires, cavaliers et artilleurs) s'opposer aux cinquante mille hommes du sultan dont 20 ou 25000 cavaliers (tous ces chiffres sont à démontrer) et perdre sans conteste la bataille d'Isly remportée par les français.Ces faits seront repris, propagande oblige,pour démontrer la solidarité entre algériens et marocains sur laquelle nous ne ferons pas de commentaire.Le onze décembre 1847 Abd el Kader, affaibli et parfois contesté dans son propre camp repasse la frontière marocaine vers l'Algérie.Lamoricière se porte à ses devants non plus pour le combattre mais pour recueillir sa reddition augurant la fin des hostilités. Le 23 décembre 1847, une nouvelle entrevue entre Lamoricière,Cavaignac et Abd el Kader va finaliser l'accord, qui sera ratifié lui-même par le duc D'Aumale au marabout de Sidi Brahim.
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* Sidi Brahim, lieu symbolique situé à 10 kms au sud ouest de Nemours où 79 hommes, débris de la compagnie de carabiniers du capitaine De Géreaux, du 8ème bataillon de chasseurs à pied, assaillie par les cavaliers d'Abd el kader, dut se réfugier et soutenir un siège de trois jours, autour du marabout ( la qoubba) après la défaite de Kerkour et la mort du Lt Colonel Montagnac le 26 septembre 1845.Les dernières cartouches tirées, ils tentèrent de rejoindre Nemours; arrivés à seulement deux kilomètres il furent rejoints, anéantis, massacrés par la tribu des Ouled Ziri. Seuls 14 hommes en réchappèrent: le tombeau des braves à leur mémoire fut érigé en 1938.
Abd el Kader, ayant fait sa soumission et la promesse de ne plus reprendre les armes contre la France, part de Nemours le 25 décembre 1847, avec sa famille et près de 90 personnes de sa suite, embarqué sur le "Solon" à destination de Mers el Kébir, puis de la France. Mis en résidence surveillée jusqu'en 1852, date à laquelle il sera libéré.
C'est le retour en France de Lamoricière. Elu député de la Sarthe, il devient ministre de la guerre en 1848, et vice président de l'assemblée législative. Dans une France qui se cherche et dans le chaos politique et insurrectionnel, il fait partie de ceux qui tentent de mettre fin aux hostilités, n'acceptant que de prendre un commandement face à un ennemi extérieur.En février 1848, en uniforme de la garde nationale, dans un Paris en émeute,il est victime d'une agression où son cheval est tué par balle et lui même blessé par un coup de baïonnette. Protégé par des ouvriers il va regagner son domicile.Nommé membre de la commission de défense nationale, les journées de juin vont le faire changer d'avis pour condamner l'insurrection, d'autant que Cavaignac son collègue d'Afrique vient de prendre la tête du pouvoir exécutif.Il participe alors directement à l'écrasement de l'insurrection notamment le 25 juin où il détruit les barricades de la rue Saint Maur.
Elu à l'assemblée législative, il obtient les crédits nécessaires à l'établissement de colonies agricoles en Algérie, consécutifs aux travaux qu'il avait mené en Algérie dans la province d'Oran.En 1849 il est désigné ambassadeur auprès de l'empereur de Russie. Lors du coup d'état de 1851, opposé à Napoléon III, il est arrêté, puis exilé pendant cinq ans en Belgique.
A suivre...
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MessageSujet: Re: LAMORICIERE. Général de division, homme politique   LAMORICIERE. Général de division, homme politique Icon_minitimeLun 19 Avr - 16:04

Suite..

En 1860, le Saint Siège, menacé par les troupes de Garibaldi, fait appel à Lamoricière pour mettre sur pied un bataillon de tirailleurs volontaires issus dans un premier temps de Français, de belges et d'Irlandais qui vont être défaits à la bataille de Castelfidardo le 18 septembre 1860.L'émotion suscitée par cette défaite va voir, venus de tous les pays catholiques des volontaires pour s'engager dans l'armée pontificale et augmenter d'autant ses effectifs.Ces troupes vont atteindre près de treize mille hommes parmi lesquels les troupes françaises, près de 3500 hommes, les "zouaves pontificaux" , qui seront revêtus de cet uniforme particulier si cher à Lamoricière.Des combats localisés vont maintenir un statu quo jusqu'au 3 novembre 1867, date à laquelle les troupes papales vont livrer et remporter la bataille de Mentana, et défaire l'armée de Garibaldi et ses chemises rouges, bataille où les zouaves vont s'illustrer.Il est vrai que le fusil Chassepot utilisé par les Français prendra une part non négligeable au succès de l'engagement.La suite du fait de guerre avec la Prusse et l'abandon des hostilités voulu par le Pape, verra le désengagement et le rapatriement des troupes françaises vers Toulon.
Lamoricière met fin à son aventure qui sonne la fin de sa carrière.Il se consacre à des oeuvres littéraires et c'est dans son chateau de Prouzel qu'il finira ses jours.
Le pape Pie IX en remerciement des services rendus par Lamoricière fera ériger un cénotaphe visible en la cathédrale de Nantes.
Une statue de Lamoricière que l'on doit à l'œuvre de J.B.Belloc installée à Constantine place de la brèche a été rapatriée en 1962, et remontée à St Philbert de Grandlieu.
Sources:
(1) René Blanc/revue Ensemble/Juin 2001.
(2) Francis Llabrador/Nemours/monographie illustrée/Typo Litho/1948.
(*) Razzias.Ce terme employé,s'il fait couleur locale pour le coller à l'époque coloniale,est inapproprié pour définir ce qui relève de la bestialité des combats quels que soient les théâtres d'affrontement, où les belligérants, en toutes époques.Rappelons que le terme est plus en rapport avec les pratiques que les barbaresques employaient pour écumer les pourtours méditerranéens, dans ce grand lac appelé "la mer de la peur" et aussi dans les régions sub- sahariennes et jusqu'en Europe (en "Hispanie" particulièrement) et ce depuis des siècles pratiquant l'esclavage à grande échelle.

Quelques livres:
- Le Général Lamoricière/Jean Mary/Bibliothèques des zouaves pontificaux.
- les soldats du pape/ Ed. pays et terroirs.
- Abd el Kader/Alex Bellemare/ sa vie politique et militaire/Librairie Hachette
(à noter que cet ouvrage est en ligne numérisé sur Google-books)
N'oublions pas aussi que si l'esprit de Napoléon III rôde au musée de Compiègne, celui d'Abd el Kader, comme celui du Duc d'Aumale, règne au musée de Chantilly.
Anecdotes sur Nemours
- Alexandre Dumas, père et fils, arrivés par mer en novembre 1845 à bord de la corvette "Véloce" y firent un séjour.
- Horace Vernet s'y invita à l'improviste et sans s'annoncer le 4 avril 1845 pour recueillir les éléments qui feront l'objet de sa toile sur la bataille d'Isly.
- Le duc d'Aumale qui y séjourna pour recevoir officiellement la reddition d'Abd el Kader, ce dernier lui offrant à l'occasion son cheval. Lamoricière qui reconnaissait au grand chef arabe un adversaire valeureux lui remis son épée.
FIN.
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