Fiche présentée par M. Jean-Pierre BIBET – APN
Sources : Dictionnaire Historique et Biographique des Généraux Français (Courcelles-1822)
Archives nationales (CARAN) – Dossier de la Légion d’honneur côte : LH/1596/47
Service Historique de l’Armée de Terre – Fort de Vincennes – Dossier côte : 7 Yd 568
Dessin d’armes : Jean-Pierre BIBET, d’après le Dictionnaire Armorial du Premier Empire (A.Révérend)
LEPIC (Louis)
(1765 – 1827)« La mitraille, ce n’est pas de la merde !!! »Comte
Baron de l’Empire
Colonel-major1er Régiment de Grenadiers à chevalGarde ImpérialeColonel
2e régiment de Gardes d'honneur
Général de division
Commandant de la Légion d’honneurRèglement d’armoiries : « Coupé 1) Parti a)D’or à trois grenades de sable, enflammées de gueules. -b) De gueules à l’épée haute d’argent.-2) D’azur au faisceau antique d’argent, accosté de deux lions d’or, surmontés chacun d’une étoile d’argent, celui à senestre armé d’un badelaire d’argent, le tout soutenu de sinople. »Né le 20 septembre 1765, à Montpellier (Hérault)
11e enfant issu d’une famille très pauvre dont le foyer familial se compose de 22 enfants.
Frère de Joachim-Hippolyte Lepic (1768-1835), général, baron d'Empire, maire d'Andrésy en 1830.
Marié enn 1809 à la fille du maire de Mauecourt (Yvelines) .J. Geoffroy
Père de plusieurs enfants, dont en autres :
- Louis-Joseph-Napoléon Lepic (1810-1875) député de Seine et Oise, général de brigade et aide de camp de l’Empereur Napoléon III.dont le fils Charles-Philippe-Adolphe Lepic (1822-1890), sera préfet du second empire.Mort à Poitiers (Vienne), le 11 mai 1790.
- Jacques Félix Auguste Lepic (1812-1868), général de brigade en 1865.
- Andrésy.Antoine Joachim Hippolyte Lepic (1811-1840)
Grand-père de Ludovic Napoléon Lepic (1839-1889) artiste peintre, graveur et archéologue, ami des peintres Monet et Degas.
Décédé le 7 janvier 1827, à l’âge de 62 ans, dans son propriété, château de Fay, à Andrésy (Yvelines)
Inhumé dans le cimetière communal d’Andrésy (Yvelines).à côté de son ami le général baron de l’Empire Dufresse.
La sépulture existe encore de nos jours.
Etat des services :Issu d’une famille très pauvre, il fut destiné dès sa plus tendre enfance au métier des armes.
Entré au service, à l’âge de 15 ans comme simple dragon au régiment de Lescure (*) 17 mai 1781.
(*)
(Régiment qui devint successivement Dragons de Montmorency puis 2e régiment de chasseurs à cheval.)Brigadier, 12 août 1787.
Brigadier dans la garde constitutionnelle du roi Louis XVI, en 1792.
Engagé volontaire dans la division des volontaires nationaux à cheval, 14 septembre 1792.
Maréchal des logis, 14 septembre 1792.
Adjudant, 20 septembre 1792.
Capitaine, 1er octobre 1792.
Lieutenant-colonel, 28 octobre 1792.
Lieutenant-colonel du 21e régiment de chasseurs à cheval (*), 7 mars 1793.
(*)
(Régiment qui deviendra par la suite 15e régiment de chasseurs à cheval)Chef d’escadron du 15e régiment de chasseurs à cheval, en 1796.
Chef de brigade, colonel du 15e régiment de chasseurs à cheval, 26 mars 1799, nommé à titre provisoire, sur le champ de bataille de Véronne, en Italie, par le général Moreau.
Chef de brigade, 23 avril 1799, confirmé par brevet.
Major dans les grenadiers à cheval de la Garde consulaire, en 1800.
Colonel-major du 1er régiment de grenadiers à cheval de la Garde impériale, 2 décembre 1805, nommé à titre provisoire.
Colonel-major, confirmé par brevet du 18 décembre 1805.
Général de brigade, 8 février 1807, nommé par l’Empereur, sur le champ de bataille d’Eylau
Général de brigade, confirmé par décret impérial du13 février 1807.
Général de division, 9 février 1813.
Commandant, à Bourges, de la 21 division militaire (Département du Cher), 29 novembre 1813.
Mis en non-activité, 30 décembre 1814.
Commandant de la 1ère subdivision de la 21e division militaire, 16 janvier 1815.Mis en disponibilité, 17 avril 1815.
Affecté à l'état-major général de l'armée du Nord, 17 juin 1815.
(N’a pu se rendre sur le champ de bataille de Mont-Saint-Jean (Waterloo), ayant été rappelé trop tard)
Mis à la retraite sur décision du duc de Feltre, ministre de la guerre, à la seconde restauration du trône des Bourbons, 9 septembre 1815.Campagnes et actions d’éclat :1793 à 1796 : Employé à l’armée de l’Ouest, sous Turreau, Vimeux, Canclaux et Hoche.
Arrivé en juillet 1793 à Nantes, il se trouva sous les ordres du général Beysser, à la prise de Montaigu (16 septembre 1793) Il combattit aussi lors de la reprise de cette ville par les généraux Bonchamps et Charrette (21 septembre 1793).
Faisant parti de la colonne du général Travot, le colonel Lepic se saisit du général Charrette, 23 mai 1796.
1796 à 1800 : Employé à l’armée d’Italie.
Il se signala particulièrement à la bataille de Véronne (26 mars 1799)
Quoi que blessé, il n’en resta pas moins à la tête de son régiment. Aaprès plusieurs charges brillantes, exécutées sur les troupes ennemies, il reçut, malgré tout, l’ordre d’enlever une batterie. Aussitôt Lepic se précipite à la tête de ses braves, et culbute la cavalerie, qui s’opposait sur son passage, en nombre très supérieur au sien. Dans cette charge, il est couvert de mitraille. Sur ces entrefaites, la cavalerie ennemie, renforcées de plusieurs escadrons, fond à son tour sur le 15e régiment de chasseurs, et le force à la retraite. En se ralliant sous la protection de l’infanterie française, ce régiment s’aperçut qu’il n’avait plus son colonel ; quelques chasseurs, qui l’avaient vu tomber avec son cheval, proposent d’aller le chercher ; et à l’instant, tout le régiment s’écrie : « Mort ou vif, il faut ramener notre colonel. » En effet, le 15e de chasseurs fond sur l’ennemi, et le pousse jusqu’au champ de bataille, où l’on trouve Lepic étendu et baigné dans son sang. Relevé et placé sur un cheval, on le ramène au travers de la cavalerie ennemie.
Le colonel Lepic commandant le 15e de chasseurs se trouva à la bataille de Marengo, 14 juin 1800.
1805 : Employé à la Grande Armée sous les ordres de l’Empereur.
Se trouvant à la bataille d’Austerlitz, 2 décembre 1805, il prit part à la brillante charge que toute la cavalerie de la Garde, commandée par le maréchal Bessières, fit sur la garde impériale russe au plateau de Blasowitz.
1807 : Employé en Pologne.
Il se trouva à la bataille d’Eylau (8 février 1807) et s’y couvrit de gloire par un des faits d’armes qui ont le plus illustré la bravoure française.
les boulets russes qui se fraient sans difficulté un chemin au milieu des flocons, enlèvent hommes et bêtes. Malgré un courage exemplaire, quelques cavaliers se courbent sur l'encolure de leur chevaux, au sifflement des projectiles. Soudain, une voix s'élève, dominant le fracas. C'est Lepic qui hurle:
« Haut les têtes, la mitraille n'est pas de la merde !!! » !
Ayant reçu l’ordre de charger avec les grenadiers à cheval de la Garde impériale sur plusieurs masses d’infanterie russe qui s’avançaient vers le cimetière d’Eylau, et en même temps de faire taire une batterie ennemie qui causait de grands ravages, Lepic passe un défilé à la tête du 1er régiment de Grenadiers à cheval de la Garde, et va se placer dans la plaine, sous le canon de l’ennemi. Le 2e régiment de grenadiers à cheval de la Garde suit son mouvement, et se forme aussi, afin de soutenir celui qui le précède. Lepic tombe alors sur les masses ennemies, la culbute et en fait un carnage affreux. Il se dirige en même temps sur la batterie russe, et sabre les canonniers, qui tous se font tuer sur leurs pièces. Pendant ce temps, le canon tirant de toutes parts, et la neige tombant à gros flocons, il devint impossible de reconnaître le point d’où l’on était parti. Lepic fait cependant faire quelques mouvements à son régiment ; mais lorsqu’au bout d’une demi-heure la neige eut cessé de tomber, il s’aperçut qu’il était cerné au milieu de l’armée russe, qui lui envoya aussitôt des parlementaires pour le sommer de se rendre. Lepic, sans se laisser intimider, montre sa troupe à un colonel russe, et lui dit : « Regarde ces gueules, et dis-moi si elles ont l’air de vouloir se rendre !!! » A ces mots, il tourne bride vers le colonel russe, qui se hâte de fuir. Cependant, Lepic, ne dissimulant pas le danger de sa situation, adresse à ses grenadiers cette courte et énergique harangue : « Mes amis, il faut vaincre ou mourir ; nous avons trois lignes ennemies à culbuter ; beaucoup d’entre-nous y resteront, sans doute ; mais, dut il n’en retourner que 20 ou 30 pour porter la nouvelle, l’honneur du corps et de notre étendard sera sauvé. » A peine Lepic eut-il parlé ainsi, que ses intrépides grenadiers répondent unanimement : « Chargeons et nous passerons. » Lepic forme alors son régiment en pelotons, par colonne serrée, ordonne la charge, se précipite sur la 1ère ligne ennemie, et s’ouvre un passage à travers le feu le plus terrible : 5 grenadiers et 1 officier furent tués. La 2e ligne russe, déconcertée par cette intrépidité, s’ouvre, fait peu de résistance, et ne blesse que quelques chevaux : la 3e ligne offre encore moins d’obstacles que la 2e. Le corps russe que Lepic et ses braves venaient de traverser se battait alors avec un corps de l’armée française, et les tirailleurs de ce dernier corps, voyant déboucher du centre des colonnes ennemies une cavalerie qui venait sur eux au galop, la crurent composée de Russes, et l’accueillirent à coups de fusil, tout en se repliant sur le corps d’armée. L’artillerie française, également trompée, tira aussi sur le régiment et lui tua 2 grenadiers et quelques chevaux : cette fatale méprise ne cessa que quand Lepic eut pu se faire reconnaître, en envoyant un de ses officiers dont l’arrivée fit cesser le feu.
Napoléon inquiet d’être resté sans nouvelles du 1er régiment de grenadier à cheval de sa Garde, depuis plus de trois heures, auquel il portait à juste titre beaucoup d’affection, s’empressa de témoigner toute sa satisfaction au colonel Lepic, et de récompenser sa brillante valeur en le nommant général de brigade sur le champ de bataille et lui accordant 50000 francs de dotation. L’Empereur salue le nouveau gradé qu'il vient de nommer : « Je vous croyais pris, général, et j'en avais une peine très vive. »
« - Sire, répond Lepic, vous n'apprendrez jamais que ma mort!!! »
Impérialement, le général Lepic, distribua à ses grenadiers survivants les 50000 francs que l’Empereur lui avait offert..
1809 : Employé à la Grande Armée, en Autriche.
Il se trouva à la bataille de Wagram et obtint pour sa belle conduite, une nouvelle dotation que l’Empereur lui accorda.
1810 à 1812 : Employé en Espagne, sous les ordres de Murat et ensuite de Joseph Bonaparte.
A la tête du 1er régiment de grenadiers à cheval, il prit part à toutes les affaires qui eurent lieu contre les anglo-espagnols.
1812 : Employé en Russie, sous les ordres de l’Empereur.
Pendant la retraite de Moscou, 8 à 10000 Cosaques, ayant à leur tête l’hetman Platov, firent le 7 novembre 1812, à 3 heures du matin, une tentative pour enlever Napoléon, ainsi que les escadrons de service qui se dirigeait sur Viazma. Dans cette circonstance, le général Lepic, qui commandait toujours son régiment de grenadiers à cheval, chargea avec toute la cavalerie de la Garde, aux ordres du maréchal Bessières, sabra les Cosaques, les poursuivit pendant l’espace de 3 à 4 heures, leur tua beaucoup de monde, et reprit quelques canons dont ils s’étaient emparés.
1813 :Employé en Saxe,
Après avoir organisé à Metz le 2e régiment des gardes d’honneur, il alla combattre en Saxe.
1814 : En France.
1815 : Rappelé pour la défense de l’Empire et employé à l’armée du Nord, en Belgique, 17 juin 1815 ; N’a pu se rendre à temps à la bataille de Mont-Saint-Jean (Waterloo), 18 juin 1815.
Blessures :- Reçoit un coup de feu à la cuisse droite, à l’affaire de Montaigu, 21 septembre 1793.
- Reçoit deux autres blessures, dans deux affaires en Vendée entre 1794 et 1796.
- Blessé de sept coups de sabre sur la tête, un autre coup de sabre à l’épaule et un coup de feu au bras droit, au commencement de la bataille de Véronne, en Italie, 26 mars 1799.
- A eu son cheval de tué sous lui, près d’une batterie ennemie, à la bataille de Véronne, 26 mars 1799.
- Blessé de deux coups de baïonnette dans le corps et atteint d’un coup de crosse de fusil sur les genoux, sur le champ de bataille d'Eylau, 8 février 1807.
Décorations :- Membre (Chevalier) de la Légion d’honneur à la création de l’ordre.
- Officier de la Légion d’honneur, par décret du Premier Consul, du 25 prairial an XII (14 juin 1804)
- Commandant de la Légion d’honneur par décret impérial du 26 juin 1809.
- Chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis par ordonnance du 29 juillet 1814.
- Chevalier de l’ordre militaire de Maximilien-Joseph de Bavière, 29 mars 1806.
Titres :
- Baron militaire de l’Empire décret impérial du 19 mars 1808 et par lettres patentes du 3 mai 1809.
- Comte héréditaire par lettres patentes du 17 janvier 1815.
Autre fonction :Maire de la commune de Maurecourt. (Yvelines), en 1824.
Mention :
- Une rue de Montmartre, à Paris, porte son nom.
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Son nom est gravé dans la pierre sur un des piliers du côté Est de larc de triomphe de l’Etoile, à Paris.