En ce bicentenaire de la Bérézina, je voudrais évoquer ici l'histoire de la chanson qui lui est liée, entonnée le 28 novembre 1812 par les soldats suisses au service de Napoléon. Elle est devenue en Suisse une sorte de chant national, traduit aussi en plusieurs langues. Tout commence en fait avec les Mémoires de Thomas Legler, lieutenant au 1er régiment suisse, parus en allemand dans le courant du XIXe siècle. On peut y lire:
"Le matin du 28 novembre, il y eut une légère chute de neige. Vers sept heures et demie, je me promenai en long et en large sur la route au côté du commandant Blattman. Il me rappela la chanson Notre vie est un voyage que j'avais souvent chantée autrefois. C'était ma chanson favorite et elle plaisait aussi à Blattmann, qui me demanda de la chanter encore une fois. Je commençai immédiatement. A la fin je l'entendis soupirer profondément et dire: "Oui, ce sont des paroles magnifiques". Bientôt, d'autres officiers se joignirent à nous, et nous passâmes cette heure matinale à chanter et à converser.
Il était neuf heures quand, tout à coup, un boulet de canon passa juste au-dessus de nos têtes avec un bruit infernal. Nous sursautâmes, ne comprenant pas comment nous avions pu nous tenir si près de l'ennemi sans avant-postes (...)"
Cette chanson a depuis été identifiée: il s'agit d'un lied datant de 1792 par Friedrich Wilke sur un poème de Ludwig Giseke, très en vogue à la fin du XVIIIe siècle. Depuis que le brave Legler est passé par là, son titre original (Die Nachtreise) a laissé la place à celui de Beresina-Lied.
L.-F. Céline en a même repris la première strophe comme épigraphe au Voyage au bout de la nuit, l'identifiant de manière erronée comme Chanson des Gardes suisses.
Je l'ai retrouvée sur youtube, dans sa version originale en allemand.
Hommage au combattants de 1812!
https://www.youtube.com/watch?v=XpqteIbZ_aI