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| CATHELINEAU (Jacques) Généralissime des armées vendéennes | |
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CapitaineCOIGNET
Nombre de messages : 1455 Localisation : Vierzon (CHER) Date d'inscription : 29/10/2007
| Sujet: CATHELINEAU (Jacques) Généralissime des armées vendéennes Mer 10 Sep - 8:09 | |
| Fiche présentée par M. Jean-Pierre BIBET – APN Sources : - Peinture à l’huile sur toile réalisée en 1816 par le peintre montargois Girodet de Rousy de Trioson ( 1767 – 1824) - Musée national de Versailles. - Vie de Jacques Cathelineau – Paris 1821 – 2è édition – Annales des Temps, texte repris par M. le Chevalier de Courcelles, dans son Dictionnaire Historique et Biographique des Généraux Français jusqu’en 1822. CATHELINEAU (Jacques) (1759 - 1793)
Généralissime des armées catholiques et royales de Vendée Né le 5 janvier 1759, au bourg du Pin-en-Mauge (Maine-et-Loire), province d’Anjou Décédé le 14 juillet 1793, à Saint-Florent-le-Vieil (Maine-et-Loire) des suites de sa blessure reçue à Nantes le 28 juin 1793. Maçon, voiturier et marchand colporteur lorsque la Révolution française de 1789 éclata. Il ne tarda pas à s’opposer à cette dernière. Après l’exécution du roi Louis XVI, Cathelineau, placé au milieu d’un peuple dévoué à la religion chrétienne et à la royauté, méditait le dessein de détruire le gouvernement républicain, et de relever le trône de France et l’autel de l’Eglise. L’époque de la levée de 300.000 réquisitionnaires devint d’autant plus favorable à ce dessein, que l’on pouvait compter sur la répugnance des Vendéens à servir la cause des ennemis de Dieu et celle des Tyrans de la France. Effectivement 300 jeunes gens du district de Saint-Florent ayant été rassemblés, le 12 mars 1793, à l’effet de procéder à la levée des réquisitionnaires, ils demandèrent à grands cris d’être exemptés de la milice nationale. Vainement les administrateurs du district s’efforcèrent de les ramener à la soumission ; des huées couvrirent la voix de ces fonctionnaires, qui alors eurent recours aux armes. Quelques coups de fusils tirés sur les jeunes Vendéens furent le signal d’un combat, qui se termina à l’avantage de ces derniers, et par la prise d’un canon dont ils s’emparèrent. Cathelineau, apprend, le lendemain, 13 mars 1793, à Pin-en-Mauge, qu’il habite, les évènements de Saint-Florent-le-vieil (Maine-et-Loire) ; et, se sentant animé d’une ardeur toute guerrière, il parcourt sa commune, appelle tous les habitants aux armes ; les harangue ; leur persuade que tout est perdu, si on laisse aux républicains le temps de se venger de la révolte, et que le seul parti à prendre est de s’affranchir par la voie des armes. En vain sa femme veut l’arrêter, en lui représentant qu’il est père d’une nombreuse famille. « Dieu, dit-il, protégera mes enfants, pendant que je défendrai sa cause. » A sa voix persuasive, 27 jeunes gens de Pin-en-Mauge s’offrent à marcher sous ses ordres. « Marchons à l’instant sur Jallais, leur dit-il, la victoire nous donnera des armes et des munitions. » (C’est ainsi que se forma le noyau de l’armée vendéenne, qui souvent se rendit formidable, et que commença la ligue qui fit trembler plus d’une fois la Convention nationales et les Républicains appelés par les Vendéens les « Bleus ».) La petite troupe se mit aussitôt en marche, en se dirigeant sur le gros bourg de Poitevinière. Chemin faisant, elle se recrute de tous ceux que Cathelineau parvint à convaincre et à enflammer. Elle arrive enfin à Jallais, forte d’environ 200 hommes presque tous armés de bâtons, de fourches et de faux emmanchées à l’envers. Jallais avait été occupé par un détachement défendu par un canon de 6, nommé le « Missionnaire ». Arrivé à portée des Républicains, Cathelineau s’adresse à sa troupe et lui dit « Voilà nos plus cruels ennemis ; courons sur eux, et que tout ce qui résistera soit détruit. » Un coup de canon part ; mais la pièce étant mal dirigée, elle ne fit aucun mal à la troupe de l’intrépide Cathelineau. Celui-ci franchit le coteau à la tête des siens ; enlève le poste en dix minutes ; fait prisonnier tout ce qui lui résiste ; oblige le reste à prendre la fuite, et s’empare de la pièce de canon. Il était midi. Après s’être saisi des armes des vaincus, Cathélineau dit à ses soldats : »Ce beau jour doit être marqué par plus d’une victoire. » ; Et, sans perdre de temps, il se dirige sur Chemillé, petite ville située à deux lieux de Jallais (8 Km), et défendue par 200 hommes et 3 grosses coulevrines (canons plus long que les pièces ordinaires). A l’approche des insurgés, les républicains du pays se joignent à la troupe soldée, et se préparent à faire une vigoureuse résistance. Cathelineau sentant que la victoire serait disputée, fait d’abord attaquer les flancs des républicains (bleus) ; et lorsqu’il juge le combat assez engagé, il se précipite à la tête du gros de sa colonne sur le centre de la position des ennemis. Devançant les siens, il se bat au corps à corps avec un républicain, et est prêt à succomber, lorsqu’un paysan, accouru à son secours, tue son adversaire. Cependant sa colonne avance avec intrépidité sous un feu terrible de mousqueterie et d’artillerie. Toute la tactique des soldats de Cathelineau consistait à courir sur l’ennemi, aussitôt qu’une décharge avait été faite, et avant qu’un second coup puisse être tiré. Ce fut par ce moyen qu’après une demi-heure seulement d’engagement, les Vendéens avaient renversé les défenseurs de Chemillé. Les Républicains furent mis en déroute avec perte d’un bon nombre d’hommes tués, d’une centaine faits prisonniers, et des 3 coulevrines qui restèrent au pouvoir des Royalistes. Les succès remportés par Cathelineau ayant été bientôt connus dans la contrée, il lui vint de toutes parts de nombreux renforts ; et, dès le 14 mars 1793, sa troupe pouvait être forte d’environ 3000 hommes. Après le combat de Chemillé, il avait dit aux siens : « Demain nous seront à Cholet. » Effectivement il se présente, le 15 mars 1793, devant cette place, défendue par 500 hommes de troupe réglées, auxquels s’étaient joints beaucoup de patriotes, et par 4 pièces d’artillerie. A la vue des insurgés, la garnison de Cholet sort de la place et marche au-devant des royalistes ; mais ces derniers, tombant tête baissée et avec une effrayante impétuosité sur les bleus, les enfoncent, les poursuivent, et entrent avec eux pêle-mêle dans Cholet. Les vendéens restèrent maîtres de cette ville, qui était chef-lieu de district, et où ils trouvèrent des armes, des munitions, et ‘ pièces de campagne, dont, une, nommée la « MARIE-JEANNE », devint non moins fameuse que le « Missionnaire » dans les guerres de la Vendée. Le 16 mars 1793, au matin, Cathelineau rassembla son armée ; et après y avoir incorporé tous ceux qui étaient venus le joindre et s’être fait reconnaître pour chef, il marcha sur Vihiers, où il savait que les républicains se réunissaient en forces pour venir l’attaquer dans Cholet. Il partagea son armée en trois corps, et plaça les prisonniers faits dans les précédentes affaires derrière son artillerie de campagne, qui était au centre. Arrivé en vue de l’ennemi, il fait avancer le centre, et recommande à ses soldats de marcher éparpillés ; de s’approcher furtivement des bleus, et de tomber sur le canon. Cet ordre s’exécute, et l’artillerie républicaine faisant une décharge n’est funeste qu’à la colonne des prisonniers. Avant qu’une seconde décharge puisse avoir lieu, les Vendéens, qui s’étaient mis visage à terre, se relèvent, s’élancent sur une pièce de canon appelée la « Rustique », et s’en emparèrent. Bientôt toutes les colonnes fondent sur l’ennemi, l’enfoncent à coups de bâton, de pique et de baïonnette, tuent ou font prisonniers un bon nombre d’hommes, et forcent le reste à fuir en désordre sur Doué et Saumur. Le lendemain, 17 mars 1793, la troupe de Cathelineau se dirige sur Chemillé. Le 18 mars 1793, elle poursuivit et mena battant, dans un espace de deux lieues, un corps de 1500 républicains, auxquels elle enleva un convoi de munitions. | |
| | | CapitaineCOIGNET
Nombre de messages : 1455 Localisation : Vierzon (CHER) Date d'inscription : 29/10/2007
| Sujet: CATHELINEAU (Jacques) Général en chef des armées vendéennes Mer 10 Sep - 8:11 | |
| 19 mars 1793 : Cathelineau informé que les bleus se trouvaient en force à Chalonnes, Saint-Florent et aux environs, rassembla à la hâte son armée alors forte de 10000 hommes, et se fit précéder d’une sommation que deux prisonniers de guerre furent chargés de remettre aux autorités. Celles-ci ayant décidé que Chalonnes serait défendu jusqu’à la dernière extrémité, Cathelineau, arrivé à onze heures du soir devant la ville, la fit investir, et donna ses ordres pour l’attaquer le lendemain à la pointe du jour. Ces préparatifs répandirent d’abord l’effroi parmi les gardes nationales ; et les troupes de ligne étant elles-mêmes découragées, Chalonnes fut évacué et abandonné sans coup férir aux Vendéens. Depuis le 19 mars 1793, jour de la reprise de Chalonnes, jusqu’aux premiers jours d’avril, l’armée vendéenne n’eut aucun engagement important avec les républicains ; mais les royalistes s’emparèrent sans obstacles d’un grand nombre de villes et de bourgs. M. D’Elbée, qui avait le commandement d’une forte division d’insurgés vendéens, ayant voulu attaquer vers Angers les républicains commandés par le général Berruyer, réunit à cet effet plusieurs corps royalistes, parmi lesquels se trouvait celui de Cathelineau. L’attaque contre les bleus eut lieu à Chemillé, le 11 avril 1793. ; et, dans cette journée, les Vendéens, surtout ceux de la colonne de Cathelineau, obtinrent d’abord des avantages sur l’ennemi ; mais plusieurs divisions royalistes ayant été battues, cet échec et le défaut de munitions obligèrent l’armée vendéenne à faire retraite, et à se porter sur Beaupréau, où elle se rallia pour marcher sur Cholet. Chemin faisant, cette armée attaqua une faible division de républicains, commandés par le général Lygonnier, qui occupait Coron et Vezins. Ce général jugeant qu’il ne pourrait pas tenir contre les forces vendéennes, très supérieures aux siennes, prit le parti de la retraite ; et déjà il commençait à l’effectuer, lorsque Cathelineau, sortant de Vihiers, vint fondre sur les bleus avec une intrépidité qui les étonne et les ébranle. Malgré leur défense courageuse et opiniâtre, les républicains sont bientôt cernés de toutes parts, forcés de fuir pour éviter une mort certaine, et poursuivis par les royalistes qui en font un grand carnage. Toute l’artillerie et les munitions des patriotes tombent au pouvoir des vainqueurs, qui font en outre 600 prisonniers. 160 grenadiers, échappés à ce désastre, s’étant jetés dans le château de Boisgroleau, s’y retranchèrent ; mais Cathelineau les y assiégea, et les força à se rendre, après l’épuisement des vivres et une forte démonstration pour incendier le château. D’Elbée et Cathelineau résolurent, le 22 avril 1793, d’attaquer Beaupréau, défendu par deux bataillons de la garde nationale d’Angers. L’armée royaliste arrive inopinément, le 23 mars 1793, devant Beaupréau ; et Cathelineau, sans perdre un instant, fait réunir des planches, dispose sa troupe en deux colonnes pour effectuer le passage de la Sèvre, et marcha au centre avec quatre pièces de canon. Bientôt il a démonté une des pièces de l’artillerie des républicains ; et son attaque étant secondée par celle que la division Bonchamps faisait en même temps sur un autre point, il aborde vivement les gardes nationaux. Ceux-ci épouvantés par la manœuvre des Vendéens qui se précipitent en aveugles sur les canons et sur les baïonnettes, plièrent en désordre et prirent la fuite. (Les servants de ces pièces du département d’Eure-et-Loir se firent tuer sur leurs pièces qu’ils ne voulurent point rendre. Une compagnie de la garde nationale de Luynes se fit également hacher presque toute entière, en se défendant avec la plus grande intrépidité.) Les royalistes entrèrent à Beaupréau, après avoir ramassé sur le champ de bataille six pièces de canon avec leurs caissons, et fait un assez grand nombre de prisonniers, parmi lesquels se trouvait un escadron de dragons de Roussillon, dont les chevaux servirent à remonter la cavalerie vendéenne. Après avoir battu aux Aubiers, le 25 avril 1793, par Henri de Laroche-Jacquelein, l’un des chefs royalistes, le général républicains Quetineau s’était retiré à Thouars, ville du département des Deux-$èvres, anciennement fortifiée, située sur une hauteur, et que sa position met à l’abri d’un coup de main. L’armée vendéenne vint cependant attaquer Thouars, le 5 mai 1793, et s’en rendit maîtresse, après un combat qui dura deux heures, et dans lequel Cathelineau se conduisit avec sa bravoure accoutumée. Le général Quetineau fut fait prisonnier de guerre avec toute sa division, forte d’environ 5000 hommes. Plus de 1000 républicains étaient restés morts sur le champ de bataille, où les royalistes s’emparèrent de 5 à 6000 fusils, de 12 pièces de canon et de 20 caissons. Après cette expédition, l’armée vendéenne se sépara en deux portions, dont une marcha sous la conduite d’Elbée et de Cathelineau, et se dirigea sur Parthenay : elle en chassa le général Chalbes et s’empara de la Châtaigneraie et de Vouvant. Chalbes se retira à Fontenay, qu’il se disposa à défendre avec 3000 hommes. Le 16 mai 1793, Cathelineau rassemble sa colonne et la dirigea sur Fontenay. Chalbes sort de cette ville, et s’avance contre les royalistes, auxquels il présente le combat. Supérieurs en nombre, ces derniers se précipitent avec force sur l’ennemi et le font plier, mais une charge de cavalerie ordonnée par Chalbes arrête ce mouvement. Chalbes attaque à dos les royalistes, les culbute, et les met en déroute avec perte de 400 hommes, de 24 canons, parmi lesquels se trouvait la « MARIE-JEANNE », et de beaucoup de bagages et de munitions. Cette défaite ne découragea pas Cathelineau. Dans une courte harangue adressée aux troupes, le 24 mai 1793, il assura que si elles voulaient la seconder, bientôt elles auraient repris ce qu’elles avaient perdu à Fontenay. Effectivement l’armée royaliste s’étant présentée de nouveau devant cette ville, le 25 mai 1793, y battit complètement le général Chalbes, qui perdit un grand nombre d’hommes tués, blessés ou faits prisonniers. Les vainqueurs s’emparèrent en outre dans cette journée, glorieuse pour les armées vendéennes, de 42 pièces de canon, des bagages de l’ennemi et de sa caisse militaire, contenant 22 millions de francs en assignats. Après la prise de Fontenay, l’armée vendéenne se dispersa momentanément dans la partie qu’on appelle le Bocage. S’étant réunis de nouveau, vers les premiers jours de juin 1793, au nombre d’environ 40000 hommes, les royalistes marchèrent sur Saumur. La division Cathelineau, qui avait pris la route par Doué, délogea, le 7 juin 1793, le général Lygonnier des hauteurs de Concourson. Dans cette affaire, Cathelineau eut son cheval tué sous lui par un boulet de canon. Dans la nuit du 8 juin 1793, il concourut à la défaite du général Salomon, qui tomba dans une embuscade près de Montreuil, et fut obligé de s’enfuir à Niort, après un combat de trois heures, dans lequel il perdit ses canons et ses bagages. Le 9 juin 1793, l’armée royaliste se trouva devant Saumur. Sans attendre les ordres de ses chefs, une partie des Vendéens commença l’attaque, en se précipitant sur les postes avancés des républicains. Déjà les colonnes de la droite et de la gauche étaient engagées, lorsque Cathelineau gravit avec sa troupe une hauteur presque en face du château de Saumur ; mais ses soldats se trouvant exposés à un feu très meurtrier, tournent le dos et prennent la fuite. Cathelineau part au galop, gagne la tête des fuyards, leur fait, au nom de la religion, une harangue qu’il termine par ces mots : « Suivez-moi à l’instant, et ne me quittez plus : il faut vaincre où périr en combattant. » Les Vendéens répondent à cet ordre par le cri de : « Vive le roi quand même » et reviennent prendre leur poste. Cathelineau s’étant porté seul en avant pour mieux juger la position respective des deux armées, trouva que le plan d’attaque était mal conçu ; et en ayant adopté un autre, de concert avec M. de Laroche-Jacquelein, il s’empresse de le mettre à exécution. Bientôt l’aile gauche des républicains fut mise en déroute, et l’infanterie de leur centre, ainsi que de leur droite ayant refusé d’appuyer la cavalerie qui avait fourni une belle charge, les Vendéens profitèrent de cette lâcheté d’une partie de leurs adversaires. Ceux-ci prirent la fuite, et furent sabrés par la cavalerie royaliste. Saumur tomba au pouvoir des Vendéens, le 9 juin 1793, Le château de Saumur, défendu par 1400 hommes, capitula le 10 juin 1793. Dans ces deux journées, les républicains perdirent environ 5000 hommes tués, blessés ou prisonniers, 80 pièces de canon, une grande quantité de fusils, des munitions de guerre, et des magasins considérables. La prise de Saumur rendit les vendéens maîtres d’une place importante et d’un passage sur la Loire. Le 12 juin 1793, M. de Lescure, l’un des chefs de l’armée royaliste, étant blessé, rassembla chez lui les officiers-généraux de cette armée, leur exposa que l’insurrection prenait un tel degré d’importance, qu’il lui semblait convenable de donner un généralissime aux troupes royalistes, et ajouta : »Je donne ma voix à M. Cathelineau. » Cette proposition fur applaudie à l’unanimité, et le brevet de général en chef fut expédié de suite à Cathelineau, qui, plein de modestie, fut plus étonné qu’enorgueilli de cet honneur. L’armée prit dès lors une consistance qu’elle n’avait point encore eue, et toutes les diverses parties du service furent organisées. Les Vendéens s’emparèrent de Chinon et des magasins que les bleus y avaient laissés. Loudun fut aussi délivré, et Angers fut pris par une colonne de 1200 royalistes. Le quartier-général vendéen se porta, le 17 juin 1793, dans cette dernière ville, où il fut résolu que l’on attaquerait la ville de Nantes. L’armée vendéenne forte de 50000 hommes, se dirigea en conséquence sur cette place, et elle n’en était plus qu’à deux lieues, lorsque le 24 juin 1793, Cathelineau envoya deux prisonniers nantais porter au conseil de défense de Nantes une sommation de remettre cette ville, dont il serait pris possession au nom de Sa Majesté Louis XVII. Le conseil n’ayant répondu à cette sommation que par un refus formel, Cathelineau fit marcher ses colonnes sur plusieurs points, de manière à investir la ville de tous les côtés, et se mit lui-même à la tête de 12000 hommes. La place de Nantes, située sur la Loire et au confluent de trois rivières, compte une population de 74000 âmes. Elle était jadis entourée d’une forte muraille, flanquée de 18 tours ; mais à l’époque que nous citons, elle ne présentait pour tous ouvrages de défense qu’une faible contrevallation de près de deux lieues d’étendue. Les généraux républicains Canclaux et Beysser commandaient alors, le premier en chef l’armée des patriotes, et le second la place de Nantes. A l’approche des Vendéens, ces deux généraux prirent les mesures les plus énergiques pour assurer la défense de ce poste important. La garnison était peu considérable et l’artillerie très faible ; mais la garde nationale et les patriotes nantais qui étaient en grand nombre et pleins d’enthousiasme, offrirent aux généraux républicains un puissant renfort, dont ils surent profiter. Le 27 juin 1793, Cathelineau fit commencer l’attaque par la colonne en tête de laquelle il se trouvait, et qui était dirigée par d’Elbée. Le bourg de Nort fut enlevé, non sans beaucoup de résistance de la part du 3e bataillon de la Loire-Inférieure. (Le brave Meuris, commandant le 3e bataillon de la Loire-Inférieure, fort de 400 hommes, se fit hacher à son poste avec toute sa troupe, moins 17 soldats qui parvinrent à regagner Nantes, en emportant le drapeau du bataillon.) Le 28 juin 1793, toutes les colonnes vendéennes marchèrent de concert à une nouvelle attaque. A la vue des nombreux bataillons royalistes, 12000 hommes dont plus de la moitié gardes nationaux, sortent de Nantes et se précipitent contre l’ennemi ; mais après un engagement opiniâtre et des plus sanglants, ils sont obligés de rentrer dans la place. Nantes est bientôt cerné de toutes parts, et attaqué sur neuf points à la fois. A midi, le combat le plus meurtrier avait lieu aux portes de Paris, de Rennes et de Vannes, et partout l’acharnement des assiégés égalait l’ardeur des assiégeants. Une batterie de Cathelineau ayant abattu la barricade armée de canons, qui défendait la porte dite de Rennes, le généralissime vendéen, qui voit ses soldats exposés à un feu terrible de mousqueterie et d’artillerie, s’écrie : « Je perdrai plus utilement dans la ville les braves qui périraient ici. » Aussitôt il met pied à terre ; rassemble 300 hommes, parmi lesquels sont ses frères, ses parents et ses amis ; court avec eux sur la brèche ; tue tout ce qui s’y rencontre ; s’empare de la barricade ainsi que du canon ; et, poursuivant, à l’arme blanche les républicains qui fuient devant lui, il arrive avec sa troupe jusque sur la place de Viarmes. Là s’engage un combat avec les troupes que commandait le général Beysser, et la victoire semblait ne pouvoir échapper aux Vendéens, dont plusieurs autres colonnes pénétraient également dans Nantes sur d’autres points, lorsque Cathelineau, qui combattit avec son intrépidité ordinaire à la tête des siens, est atteint d’une balle qui lui perce le bras et la poitrine, et le jette au pied de son cheval. Cet événement funeste, dont le bruit se répandit avec rapidité, porte le découragement parmi les Vendéens, qui commencent à plier devant les républicains, et finissent par se retirer, en emportant le corps de leur général mourant. A deux heures de l’après-midi, le feu des vendéens était déjà bien éloigné de la place et très ralenti. Dans la nuit du 28 au 29 juin 1793, l’armée royaliste se dispersa, et chaque Vendéen retourna dans ses foyers. Cathelineau fut porté à Saint-Florent, où il ne cessa point, malgré ses souffrances, de donner des ordres et de s’occuper de son armée jusqu’au 14 juillet 1793, jour de sa mort. | |
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