Il y a plusieurs variantes, j'en avais une dont j'ai perdu la trace et qui était assez émouvante.... , en voici une autre qui reprend le thème. Ceci étant il faut se garder de généraliser et le lien proposé par le Sergent Lombart ....conduit à un article rédigé par une sotte....pour ne pas dire autre chose.
PAUVRE LEGION D’HONNEUR
La Légion d’Honneur, ce dernier mot l’indique,
Fut créée autrefois par le Grand Empereur
Pour marquer des héros les exploits magnifiques
Et les récompenser de leur haute valeur.
Chapeau bas, devant ceux qui vraiment la méritent,
Leurs noms sont au tableau d’honneur de la nation
Mais les institutions, à la longue s’effritent
Et croulent sous le poids de vives concussions !
Au ciel, Napoléon, chaque jour, l’âme émue
D’y voir tant de rubans de l’Ordre qu’il créa,
Dit au Bon Dieu : je vais les passer en revue
Venez donc admirer tous ces braves soldats.
Le défilé commence : oh ! Sans cérémonie !
L’Empereur avait mis simplement sa Grand Croix
Sur un vieux complet gris, sans or ni broderies
Puis il interrogea le premier de son choix :
- Qu’as-tu fait pour avoir cette croix que tu portes ?
- Moi ? J’étais épicier. Oui, Sire, c’est en gros
Que je vendais bon prix ! Des lots de toutes sortes.
Des conserves, du lard, des nouilles, des pruneaux !
- Va-t-en ! fit l’Empereur. Voyons, toi, je suppose.
- Moi ? J’étais journaliste, et des gouvernements
Etant subventionné, j’ai défendu leur cause,
On m’a décoré pour …Services Eminents !
- Pars ! dit Napoléon dont la colère augmente.
- Et toi ? – Je dirigeais un grand trust financier.
Je savais spéculer sur le change, la rente …
Oui, j’ai eu ton ruban grâce aux petits rentiers.
- Cà, cria l’Empereur, c’est vraiment fantastique !
- Et toi ? – Sire, j’étais avocat sans procès :
Je pris des opinions, fis de la politique …
Et j’obtins cette croix d’un Ministère à succès.
- Et toi ? Vite réponds ! – Moi, Sire, j’étais riche.
J’avais deux écuries, un cheptel
J’ai vendu à des prix fous des poulains, des pouliches,
Moi j’ai fait prospérer le Pari Mutuel.
- Un autre par pitié ! – Moi, Sire dans la vie,
Je l’avoue, humblement, d’exploits, je n’ai pas fait
Mais j’avais une femme élégante et jolie
Qui dans les Ministères … beaucoup fréquentait !
Napoléon rageait, retenant un blasphème !
- Et toi, l’as-tu gagnée … enfin … par exception ?
- Sire, je le crois bien ! Et pensez, si je l’aime :
Pour avoir ce bijou, j’ai payé deux millions !
- Bande de flibustiers ! … Usurpateurs de gloire !
Hurla Napoléon, chassant les décorés.
C’est ainsi que sur terre, on souille ma mémoire
En vendant pour de l’or cet emblème sacré ?
Il restait dans un coin, un dernier Légionnaire.
- Eh bien ! Qu’attends-tu ? – Sire, daignez m’écouter !
Je ne suis qu’un poilu de la dernière guerre.
Pendant près de cinq ans, pour eux, j’ai dû lutter …
Bien que blessé sept fois, j’ai survécu quand même.
Alors on m’a donné une maigre pension …
Pour la femme, pour l’enfant, c’était souvent carême !
Mais à quoi bon se plaindre, en France, ils sont légion !
Et pourtant, cette Croix, Sire, je vous l’assure,
Ah ! Comme je l’aurais portée avec orgueil !
Ce n’est qu’une fois mort des suites de blessures
Qu’elle fut déposée, un jour … sur mon cercueil.
Napoléon pleurait… : - Enfin, dit-il, un brave !
Viens m’embrasser, petit ! Et fixant l’autre tas,
Il arracha sa croix, et puis …d’une voix grave :
- Prends-la ! Tu la mérites, mais ne la porte pas !