Articles de Boris Dânzer-Kantof……La vie des Français au temps de Napoléon.
Promulgué le 30 ventôse an XII (24 Avril 1804), le Code Civil qui prend nom de Code Napoléon en 1807..regroupe 36 lois votées entre 1803 et 1804. Cet arsenal juridique imposant de 2281 articles constitue un compromis entre les acquis de la Révolution, l’Ancien Régime et les mœurs du temps. Tout en conservant la laïcité, le Code civil s’attache surtout à protéger la famille en restaurant et renforçant l’autorité parentale et maritale. S’il prévoit l’égalité totale des héritiers dans la succession, le Code accorde toutefois le droit d’avantager l’un d’entre eux en permettant de lui transmettre une part significative du patrimoine. Car, bien que les pratiques du monde rural divergent selon les régions, les familles paysannes cherchent par tous les moyens à limiter le morcellement des terres. Dans les Pyrénées, ou une maison est attachée à un nom, le droit d’aînesse est encore pratiqué avec la complicité des notaires. Exclus de l’héritage, les cadets demeurent soit célibataires dans le ménage de l’héritier, soit ils se marient ou s’exilent. Dans le Gevaudan, les parents ne choisissent l’héritier qu’au moment où le premier des enfants se marie. En Bretagne région de fermage, on respecte la règle du partage égalitaire. Dans le Jura et en Lorraine, l’organisation collective du travail annule l’éparpillement des terres. En ville la famille réduite au couple prédomine et le célibat se développe notamment chez les domestiques.
Dans la bourgeoisie, on s’efforce de limiter les naissances à trois enfants, afin d’assurer la reconduction du patrimoine. Favorisé pendant la révolution, les enfants naturels, adultérins ou incestueux, sont considérés comme des intrus, on parle désormais de « l’odieux bâtard » qui vient troubler la tranquillité de la famille légitime.
Il n’y a plus d’enfants !.
Ce titre d’un vaudeville à la mode sous l’Empire reflète deux réalités. Sans que cela soit le sujet de la pièce, il pointe le déclin de la natalité qui se manifeste dès le début du siècle. En moyenne 900 000 enfants naissent chaque année sous l’Empire. Les familles nombreuses « les nichées d’enfants » de l’Ancien Régime sont plus rares et la comtesse Fabre de l’Aude, mère de 25 enfants fait figure de phénomène. La jeunesse est devenue plus indépendante, voir, selon certains indocile car on n’enseigne plus la morale depuis la disparition de l’Église. La génération qui atteint l’âge adulte sous le consulat a du mal à se plier au nouvel ordre social. Avec le Code civil, le Premier consul rappelle que les enfants sont soumis à l’autorité du père jusqu’à leur majorité qui est entérinée à 21 ans. Lui seul peut accorder son consentement au fils de moins de 25 ans et aux filles de moins de 21 ans pour se marier. Il dispose de l’usufruit de leurs biens et du droit de tutelle.
A suivre N°2.……..La Place des Anciens.
Jeu 22 Fév - 23:14